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[Critique] Interstellar

Affiche interstellarRetour aujourd’hui sur Interstellar, la nouvelle réalisation de Christopher Nolan (Inception, Le Prestige, The Dark Knight Trilogy), et accessoirement ma plus grosse attente de l’année. Concrètement, le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire. On peut notamment retrouver au casting Matthew McConaughey (Cooper), Anne Hathaway (Brand), Michael Caine (Professeur Brand), Jessica Chastain (Murphy), Casey Affleck (Tom) et Mackenzie Foy (Murphy jeune).

Malgré les nombreuses attentes que je pouvais avoir au départ, je dois reconnaître que le film ne m’a absolument pas déçu, tant sur le plan technique que scénaristique. Le long-métrage bénéficie en effet d’un traitement formel vraiment exemplaire. D’abord d’un point de vue purement visuel puisque la superbe photographie de Hoyte Van Hoytema (Her, Fighter) confère aux images une beauté incomparable et nous offre quelques plans à couper le souffle. Tandis que la mise en scène de Nolan nous immerge idéalement dans ce voyage spatial aussi extraordinaire que périlleux. Mais aussi sur le plan sonore dans la mesure où le son, et parfois même l’absence de son, participe complètement à l’expérience sensorielle particulière que le film fait vivre au spectateur. Qu’il s’agisse de sons environnants, de musiques intimistes ou d’envolées tonitruantes, la piste audio nous prend véritablement aux tripes et contribue elle aussi à l’immersion dans l’histoire. Enfin, la partition musicale de Hans Zimmer est à nouveau remarquable d’intensité et d’émotion, et prouve que le musicien n’a vraiment aucun problème à se renouveler année après année.

Photo interstellarAu-delà de l’aspect formel assez fantastique, le film jouit également d’un scénario extrêmement travaillé et ambitieux. Une constante dans le cinéma de Nolan, et Interstellar ne fait assurément pas exception à la règle. Ainsi, même si la trame générale est facilement compréhensible, le récit emprunte tout de même des voies un peu plus complexes en abordant des concepts physiques (trous de ver, anomalie gravitationnelle, tesseract, horizon des événements…) nettement moins évidents à appréhender. Du coup, des interrogations surviennent inévitablement et les spectateurs ne souhaitant pas véritablement s’impliquer dans le film, ou tout simplement se laisser porter par les événements, s’exposent certainement à rester sur le carreau. En ce sens, le long-métrage risque vraisemblablement de diviser le public entre ceux qui adhèrent au propos et au traitement, et ceux qui y demeurent hermétiques. D’autant plus qu’une fois n’est pas coutume, le réalisateur anglais exploite grandement la fibre émotionnelle du récit. De quoi faire dire à certains que le film n’est finalement qu’un vulgaire mélodrame sans intérêt, alors que j’y ai vu pour ma part un drame familial intimiste (malgré l’envergure du projet) et terriblement émouvant. Certaines scènes sont d’ailleurs incroyablement poignantes et suscitent un tourbillon d’émotions qu’il est bien difficile de contenir. Au point même d’en arriver parfois à avoir les larmes aux yeux, chose que Christopher Nolan n’avait encore jamais vraiment provoquée.

Photo bis interstellarLes influences sont évidemment nombreuses (2001 – L’Odyssée de l’Espace, Rencontres du Troisième Type, L’Étoffe des Héros…) mais le cinéaste parvient néanmoins à imprimer son propre style au long-métrage, grâce notamment à une narration et un montage toujours aussi inventifs et efficaces. Comme lorsqu’il passe brutalement du père quittant sa famille en pleurs au même père pilotant le vaisseau spatial en direction de l’inconnu. Et même si les thématiques abordées ne sont pas nécessairement inédites, les questions soulevées sont en revanche rarement explorées au cinéma. Je pense par exemple au rapport particulier à la temporalité que les personnages entretiennent et qui revêt une dimension dramatique assez sidérante. Il en découle du coup un film d’une grande maîtrise, seulement handicapé par quelques longueurs inhérentes au genre. Des longueurs dont le film ne souffre toutefois pas véritablement selon moi étant donné qu’elles conditionnent souvent la suite du récit. Quant aux acteurs, ils participent totalement à l’émotion qui se dégage de l’œuvre. En particulier Matthew McConaughey et Anne Hathaway qui livrent une performance vraiment impressionnante. Bien aidés par la profondeur d’écriture de leur personnage, ils incarnent avec justesse et intensité ces deux formidables explorateurs. Être capable de transmettre autant d’émotions sans avoir forcément besoin de parler, c’est juste exceptionnel !

En définitive, Interstellar s’impose donc comme une incroyable fresque de science-fiction sur les voyages dans le temps et l’espace. Formellement superbe et scénaristiquement ambitieux, le long-métrage offre une expérience cinématographique vertigineuse, bouleversante et émouvante. Une expérience dont on ne ressort pas tout à fait indemne. A voir et à revoir !

À propos de Wolvy128

Fondateur et rédacteur du site. Passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien.

Discussion

18 réflexions sur “[Critique] Interstellar

  1. Quelle claque, autant cinématographique qu’émotionnelle ! À revoir, oh que oui.

    Publié par MaxLaMenace_89 | novembre 6, 2014, 6:03
    • La claque cinématographique ne m’a pas vraiment surpris (après tout c’est Nolan) mais l’émotion m’a littéralement submergé à certains moments. C’est sincèrement le genre de cinéma que j’affectionne totalement. Un grand spectacle visuel, combiné à un scénario intelligent et ambitieux, avec en plus une dimension émotionnelle presque permanente. C’est à la fois grand public, mais très profond pour ceux qui veulent aller plus loin, sans pour autant prendre les spectateurs pour des idiots. J’adore !

      Publié par Wolvy128 | novembre 6, 2014, 6:08
  2. Je ne lis pas ! Je ne lis pas ! Il faut VRAIMENT que j’aille le voir. S’agissant aussi de mon film le plus attendu de l’année. Seulement voilà il ne passe pas en vo dans ma ville. La vie est tellement cruelle parfois. T_T

    Publié par Voremage | novembre 6, 2014, 6:10
    • Au pire, rabat-toi sur la VF si tu n’as pas l’occasion de le voir en VO. Car c’est vraiment un film à voir en salle évidemment. Et n’hésite pas à revenir partager ton avis quand tu l’auras vu alors. 😉

      Publié par Wolvy128 | novembre 6, 2014, 6:12
      • Maiiiis je préfère la vo moa. 😥
        Plus sérieusement je pense déjà que je vais me rabattre sur cette solution. j’attends seulement la semaine prochaine. Car parfois les séances vo arrivent une semaine après la sortie du film dans le mutliplexe où je vais. Ne me demandez pas pourquoi, cela fait partie des nombreux mystères insolubles de ce cinéma. 😀

        Publié par Voremage | novembre 6, 2014, 6:16
        • Oui je comprends totalement, je préfère aussi la VO. Je disais juste ça au cas où tu n’aurais aucune possibilité de le voir en VO.

          Publié par Wolvy128 | novembre 6, 2014, 6:18
  3. Je l’ai vu et je l’ai trouvé excellent dans son ensemble.

    J’ai facilement dû pleurer 2 ou 3 fois dans le film et je trouve que ce qu’est abordé dans le film est vraiment intéressant et maîtrisé. Les plans sont à chaque fois ajustés pour donner sens à quelque chose, l’ambiance est assez réaliste et pas trop pété de CGI (d’ailleurs dans les phases de vaisseau je me sentais comme dans le premier Alien).

    Quand j’entends dire que c’est un 2001 Nolan raté je suis surpris, parce que Interstellar propose vraiment de faire bouger les choses avec la notion de temps & relativité, du moins je n’avais vu aucun film de science en contexte d’interpréter de tels sujets en les rendant accessibles tout en nous faisant réfléchir.
    J’ai en tout cas pas accroché à 2001 et ses allégories métaphoriques philosophiques, même s’il ne m’a pas du tout laissé indifférent.

    Par contre, je n’ai pas tout vu du réal mais je retrouve bizarrement les mêmes défauts que dans les Batman et Inception à savoir des dialogues parfois un peu longs et pas toujours appropriés et comme une sensation de mal enchaînement entre certaines scènes. A part ça tu as de la chance d’avoir vu en VO parce que la VF est une horreur venu de l’espace …

    Ah et *SPOIL* la venue de Matt Damon est juste géniale et inattendue ! 😀

    By the way critique ici http://gamrrage.com/critique-cine-interstellar/

    Publié par Kazura | novembre 9, 2014, 8:24
    • C’est l’une des choses que j’aime dans le cinéma de Nolan, il ancre toujours son récit dans la réalité et va systématiquement éviter les CGI si ce n’est pas absolument nécessaire. D’après les interviews que j’ai pu lire, les acteurs ont d’ailleurs été surpris du peu d’écran vert utilisé. La plupart des plans était exclusivement en prise de vue réelle, ce qui renforce la puissance du film selon moi.

      Surpris aussi de certaines réactions vis-à-vis du film, ça me semble assez hallucinant de pouvoir le qualifier de 2001 raté ou de vulgaire mélodrame sans intérêt. On peut bien sûr ne pas aimer mais le film est une vraie claque émotionnelle et sensorielle je trouve. Comme toi, j’ai été submergé par l’émotion à plusieurs reprises. Comme toi, j’ai d’ailleurs aussi moyennement accroché à 2001, même si je reconnais que c’est une œuvre marquante, surtout pour l’époque.

      Enfin, je ne ressens pas particulièrement les difficultés d’enchainement ou la longueur des dialogues dans les films Nolan. Je trouve au contraire que chaque plan et ligne de dialogue a du sens, même si on ne s’en rend parfois compte que bien plus tard. En tout cas, pour avoir vu toute sa filmographie, c’est clairement le genre de cinéma que j’affectionne. Il ne m’a encore jamais déçu pour l’instant.

      PS: Comme d’habitude, je viendrai lire ta critique dans la soirée. 😉

      Publié par Wolvy128 | novembre 9, 2014, 9:40
      • Ah en effet je ne suis pas étonné qu’ils n’aient pas utilisé beaucoup de fond vert, ça rend le film tellement plus immersif et réaliste pour le coup.

        Je regarderai le reste de sa filmo, histoire de mieux cerner sa réalisation sur certains points. 🙂

        Publié par Kazura | novembre 10, 2014, 1:04
  4. Même trip, je me suis laissé porter. Et même avis que Kazura à propos de la VF qu’il faut essayer d’éviter.

    Publié par princecranoir | novembre 11, 2014, 11:25
  5. Interstellar quel film ! Quelle puissance ! Sur le coup Je suis admiratif de Nolan (Assez souvent en fait) qui concilie rigueur scientifique et clarté de l’intrigue sans jamais prendre le spectateur pour un benêt ! Une odyssée spatiale d’une grande sensibilité !

    Publié par frederictarantino | novembre 14, 2014, 10:49
  6. Vu hier finalement en vf, poussé par mon frère qui l’avait déjà vu. Et… Et… Bordel que c’était génial ! J’en chiale encore ! T_T [SPOIL] La scène où Cooper regarde les vidéos de ses enfants qui ont grandi m’a complètement retourné, déchiré, balayé aux quatre vents. [SPOIL]

    Tout simplement l’un des plus purs films de SF qu’il m’a été donné de voir depuis bieeeeeen longtemps au cinéma. Nolan a quand même réussit le tour de force de rendre intéressantes voire stressantes des scènes dans l’espace totalement MUETTES. Incroyable.

    Je ne m’étendrais pas trop mais à ranger parmi les plus grands films de Nolan. A côté d’Inception et The Dark Knight.

    Publié par Voremage | novembre 16, 2014, 10:03
  7. Un vrai chef d’œuvre de science fiction ce film.

    Publié par Justinb | novembre 6, 2016, 5:03

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