Après le décevant Batman v Superman – L’Aube de la Justice, il y a quelques mois, DC Comics revient sur le devant de la scène avec Suicide Squad, signé David Ayer (Fury, End of Watch), l’un des films les plus attendus de l’été. Face à une menace aussi énigmatique qu’invincible, l’agent secret Amanda Waller (Viola Davis) réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu’aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s’embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu’au moment où ils comprennent qu’ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?
Le temps passe, les histoires changent, les réalisateurs se succèdent… mais les mêmes défauts continuent inlassablement de s’enchaîner. Un plus que les autres : l’absence totale de scénario. Non seulement la trame générale de l’histoire est d’une platitude absolue, mais elle accumule également avec une facilité déconcertante les ficelles et autres invraisemblances. Sans compter que les personnages ne jouissent, une fois encore, d’aucune épaisseur, ce qui n’aide pas à insuffler au long-métrage un tant soit peu de tension dramatique. Ajoutez à cela des dialogues souvent d’une banalité affligeante et vous obtenez un niveau de storytelling qui frise le ridicule. Alors peut-être que certains se satisferont des quelques blagues réussies d’Harley Quinn, de la posture « cool » des personnages et de l’une ou l’autre belle séquence, mais ça me semble à mon sens bien trop pauvre que pour convaincre. Comment en effet adhérer à un récit qui manque à ce point de profondeur ? Certes, il s’agit d’un blockbuster, et l’intérêt est sans doute ailleurs, mais un minimum de solidité scénaristique me semble tout de même souhaitable pour ne pas avoir l’impression d’être pris pour des spectateurs aussi stupides que les héros qu’ils regardent.
Finalement, deux éléments sauvent le film du naufrage total : la dimension technique et le casting. Comme souvent dans ce genre de production, l’argent dépensé se voit en effet directement à l’écran. Il en découle ainsi un visuel particulièrement soigné, qui colle de surcroît magnifiquement à l’univers, couplé à des effets spéciaux parfaitement exécutés. Côté casting, le long-métrage peut s’appuyer sur les bonnes performances de Will Smith et Margot Robbie pour maintenir un certain intérêt. Sans forcément être superbement écrits, leurs personnages font effectivement partie des plus développés de la bande et permettent ainsi aux deux acteurs d’exister, tout du moins sur le plan humoristique car la partie dramatique est au mieux survolée, au pire assez caricaturale. A leurs côtés, Jared Leto n’est pas fondamentalement mauvais dans le rôle, si difficile, du Joker mais l’écriture laisse tellement à désirer que, malgré sa relation avec Harley Quinn, son personnage ne pèse jamais sur l’histoire. Même son de cloche pour Cara Delevingne qui peine à marque les esprits malgré le léger développement dont elle profite. Pour les autres – Joel Kinnaman, Jai Courtney, Jay Hernandez, Karen Fukuhara, Adewale Akinnuoye-Agbaje – le constat est encore pire puisqu’ils ne bénéficient, pour la plupart, d’aucune profondeur.
En définitive, malgré son potentiel indiscutable, Suicide Squad se révèle donc particulièrement décevant. Pas aidé par un scénario médiocre, le film divertit mais ne convainc jamais. Même la folie de Margot Robbie et le flegme de Will Smith ne parviennent pas à faire oublier tous les défauts dont il souffre. Pas une purge mais un beau ratage !
Hello Wolvy, ça fait un bail !
Sacré phénomène qu’est ce Suicide Squad !
J’ai pour habitude de ne pas forcément me fier aux critiques pour aller voir un film, mais celui-là, étant donné que ce soient les mêmes défauts de Batman V Superman qui reviennent, ça ne me donne pas du tout envie.
Et c’est dommage car David Ayer avait réalisé le chouette Fury (qu’on avait tous deux apprécié me semble-t-il).
Alors est-ce que le comics de base est déjà pas incroyable, ou est-ce que Ayer a tout simplement raté son script en sous-développant les personnages, je me demande bien.
Par contre, est-ce que tu peux me dire si dans le film les personnages sont considérés comme des protagonistes suivant le traditionnel voyage du héros dont la transformation au cours du récit est remise en question par leur passé et leur méchanceté, ou sont-ils des anti-héros qui négligent complètement le parcours du héros et qui n’en font qu’à leur tête ?
Salut Kazura !
N’ayant pas lu les comics, je ne peux pas vraiment juger de la qualité du matériau de base. Quoi qu’il en soit, le script de David Ayer n’en demeure pas moins assez mauvais (manque d’enjeux, manque d’épaisseur des persos, grosses ficelles narratives…).
Concernant ta seconde question, je dirais que c’est un peu des deux. Le passé des personnages est abordé, en tout cas pour certains d’entre eux (Deadshot, Harley Quinn…), afin de mieux comprendre leur trajectoire et pouvoir s’y attacher. Mais cela manque de subtilité et n’a jamais vraiment l’effet voulu selon moi.
On est d’accord, le film est loin de tenir ses promesses. Mais la simplicité du scénario me semble être le moindre des défauts du film de David Ayer. Le pire pour moi reste le montage et par conséquent le traitement du Joker et du background de la Suicide Squad.
Le scénario est plus préjudiciable que le montage pour développer le background de la Suicide Squad pour moi. Effectivement, les scènes ne racontent pas grand-chose. Pour autant, je te l’accorde, le montage est loin d’être exempt de tout reproche.
Pas une purge mais pas loin quand même : comme tu l’as très bien écrit, le scénario est aux abonnés absents (malgré quelques vagues touches Ayer de temps à autres), le montage haché de flash-backs est navrant, les personnages inexistants en dehors du couple post-punk placé en tête d’affiche.
Je n’évoque pas trop le montage dans la critique mais c’est vrai qu’il est désolant, un peu comme pour Batman v Superman.
Je trouve que c’est un film avec un énorme potentiel, qui n’est pas raté, mais inabouti.
Concernant le scénario, je trouve qu’il y a déjà le syndrome du film n°1 : dans un premier temps, tu poses les personnages et après, il te reste peu de temps pour vraiment proposer une action intéressante. Sachant qu’ici, il y a beaucoup de personnages à présenter ! (ils auraient peut-être pu faire un Batman avant pour introduire le Joker, Harley Quinn et Deadshot)
Au niveau des persos, je ne sais pas si c’est parce que je suis un faible homme, mais Harley Quinn crève l’écran !!! 🙂 Deadshot, bien. Comme Dim, je n’ai pas accroché à Killer Croc, et Captain Boomrang ne sert pas à grand chose… L’Enchanteresse, j’ai trouvé la première partie très bien, puis après, c’est la course aux effets numériques… et son frangin, on en parle même pas !
Quand au si populaire Joker… C’est beaucoup de bruit pour pas grand chose finalement. J’ai plutôt apprécié la prestation de Jared Leto, même si je trouve qu’il est très en contrôle, là où je préférais Heath Ledger complètement possédé par le rôle…
L’axe « Qui sont les gentils, qui sont les méchants » – le plus intéressant pour moi dans les aventures des Suicide Squad – aurait pu être plus développé, avec des enjeux plus importants. Quand la Suicide Squad décide d’aider Rick Flag dans le bar, c’est quand même un peu parachuté je trouve.
Je suis d’accord pour le potentiel, j’en parle d’ailleurs dans ma conclusion. Je suis en revanche moins indulgent concernant le scénario. Au-delà de l’installation des personnages qui est bancale, je trouve la suite encore plus discutable (enjeux inexistants ou faiblards, dialogues creux, incohérences, ficelles…). Inabouti ou raté, c’est une question d’appréciation et d’attentes je pense. 😉
D’une façon générale, je pense que de plus en plus, les films de super-héros deviennent des films de fans. Celui qui connait les personnages des comics y voient beaucoup de sous-textes, comblent par leurs « connaissances » et leur plaisir ce manque de profondeur.
Après, je te rejoins sur le fait que c’est pauvre, même si je trouve que le défi était difficilement atteignable : faire un n°1 avec autant de personnages, en moins de 2 heures… Les Gardiens de la Galaxie y sont arrivés, je pense notamment grâce au fait que la troupe est basée sur Star-Lord. C’est donc ce personnage qu’on creuse et qui réunit les enjeux du film, les autres apparaissant clairement comme secondaire.
Comme je disais dans le 1er post, je trouve qu’il manque un film avant pour placer le Joker, Harley Quinn et Deadshot.
A voir ce que donnera la version longue !
Je suis d’accord avec tout ça. Le défi était énorme mais certains films y sont parvenus (outre les Les Gardiens de la Galaxie, je pense également à X-Men – Days of Future Past). Quant à la version longue, elle pourrait effectivement combler certaines lacunes.
Tu sais que j’aime bien répondre à la réponse de la réponse, mais tu m’as déjà dit que tu aimais l’échange, alors je persévère. 🙂
J’ai aussi aimé X-Men – Days of Future Past, mais là, le film pouvait miser sur une mythologie déjà présentée dans les films précédents.
Pour rebondir sur Suicide Squad, j’ai trouvé toute la partie présentation des personnages bien foutue (surtout Harley Quinn ! 🙂 ), et ça commence à dérailler quand on parle du besoin concret (et très général) de réunir une Suicide Squad et que le virement de cuti de l’Enchanteresse se produit. C’est d’ailleurs un moment où on sent que les coupes malvenues s’enchainent. D’ailleurs, pourquoi autant couper : le film ne dure que 1h57, ce n’est pas énorme… Peut-être qu’on a trop reproché à Batman vs Superman d’être trop long (alors que la version longue en DVD est saluée pour sa qualité).
La profondeur des deux super-vilains principaux (Deadshot et Harley Quinn) est loin d’être nulle. On peut même ajouter El Diablo dans ce versant.
Mais selon moi (fan des comics Suicide Squad), on est passé à côté de l’enjeu principal qui fait le charme de cette team : qui sont les gentils, qui sont les méchants ? On le ressent un peu avec Amanda Waller, une chef supposée dépositaire d’une certaine éthique et qui au final se montre beaucoup badass que ces super-vilains.
J’espère que tu te trompes par rapport à la durée, et au parallèle avec Batman v Superman, car la longueur n’est jamais un problème pour moi si l’ensemble est prenant et que les scènes se justifient. En parlant de Batman v Superman, c’est vrai que la version longue développe davantage les personnages et atténue du coup certaines lacunes mais les défauts du script restent bien présents pour moi.
J’espère que la version longue sera meilleure pour ce film.