★★★★☆, Critiques de Films

[Critique] Spring Breakers

Affiche spring breakersPour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par un malfrat local qui les prend sous son aile… Tel est le pitch de Spring Breakers, un film d’Harmony Korine réunissant au casting Selena Gomez (Faith), Rachel Korine (Cotty), Ashley Benson (Brit), Vanessa Hudgens (Candy) et James Franco (Alien).

Que dire sur ce film si ce n’est que, de par son image léchée et sa musique pop enivrante, il constitue une expérience sensorielle véritablement inédite. Bien loin de sa promo pour le moins racoleuse, le film se révèle rapidement beaucoup plus intelligent qu’on aurait pu le croire au départ. Bien sûr, la première partie est sans surprise puisqu’elle fait la part belle au Spring Break avec tous les excès que l’on connait (alcool, drogue, sexe…) et tous les clichés que l’on imagine. Mais c’est pour mieux déconstruire le mythe dans sa seconde partie. En effet, tel un rêve qui vire au cauchemar, les quatre jeunes femmes vont très vite déchanter et au contact du surprenant Alien, la descente aux enfers va se mettre en marche. C’est là que le film devient vraiment intéressant car il nous plonge dans la vacuité la plus totale de cette jeune génération complètement déboussolée. Le Spring Break s’apparentant pour les héroïnes à une sorte de quête identitaire indispensable pour pouvoir se trouver en tant que personne. Et si certaines d’entre elles vont interrompre à temps l’expérience et reprendre leur vie estudiantine, pas forcément plus heureuses qu’avant, d’autres vont en revanche entièrement s’abandonner à cette existence de débauche et d’excès.

Photo spring breakersMais si le fond n’est pas inintéressant, c’est davantage d’un point de vue technique que le film marque les esprits. Effectivement, non seulement la mise en scène d’Harmony Korine est maîtrisée mais la photographie de Benoît Debie (Enter the Void) est également superbe au niveau des couleurs et de la lumière. En particulier lors des séquences nocturnes qui sont toutes absolument sublimes. Et que dire du magnifique montage déstructuré qui joue habilement avec la chronologie et les éléments de répétition. Côté casting, c’est assez difficile d’émettre un avis car il s’agit d’un film mettant surtout l’accent sur le visuel. Du coup, les actrices disent très peu de choses tout au long de l’histoire. Néanmoins, on peut tout de même se réjouir de l’émancipation de Vanessa Hudgens, et dans une moindre mesure de Selena Gomez, qui va peut-être leur permettre de prétendre à des rôles qu’on ne leur aurait pas forcément confié avant. Et on peut aussi constater que James Franco est définitivement l’un des acteurs les plus doués de sa génération puisque même en gangsta dépravé, il est toujours aussi convaincant. Enfin, comment faire une critique de Spring Breakers sans évoquer la musique qui fait partie intégrante du récit. Elle est signée Cliff Martinez (Drive, Contagion…) et, en plus de coller parfaitement aux images léchées de Benoît Debie, renforce considérablement l’ambiance du film. En témoigne d’ailleurs la scène, déjà culte, où James Franco reprend au piano un morceau pop pour le moins inattendu.

En conclusion, Spring Breakers s’avère donc être une très bonne surprise puisque le fond est loin d’être sans intérêt et la forme est juste sublime. Qui plus est, le film peut s’appuyer sur une BO détonante et un James Franco complètement habité par son personnage. On pourra toutefois regretter quelques moments de flottement et une fin peut-être un peu bâclée mais cela n’enlève rien au plaisir sensoriel qu’il procure. Bref, un film qui ne plaira certainement pas à tout le monde mais qui a le mérite de ne pas laisser indifférent. A voir en connaissance de cause !

À propos de Wolvy128

Fondateur et rédacteur du site. Passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien.

Discussion

23 réflexions sur “[Critique] Spring Breakers

  1. Je suis content de voir une critique positive de ce film (et de trouver quelqu’un qui a aussi apprécié l’atmosphère du film). Il y a un certain coté dérangeant qui donne une vraie identité à cette production.

    Publié par profondeursdechamp | mars 25, 2013, 6:42
    • Ah oui j’ai vraiment apprécié l’atmosphère. Le film joue avec nos émotions et comme tu le soulignes, certaines scènes en deviennent presque dérangeantes alors que sur le papier, c’est plutôt tout le contraire.

      Publié par Wolvy128 | mars 25, 2013, 6:46
  2. Depuis longtemps j’étais intrigué par ce film, il a mit du temps à sortir. Y’a eu de bons comme de mauvais avis, je n’est pas encore eu l’occasion de le voir, j’attendrai sa sortie blu-ray.

    Publié par Le Petit Collectionneur | mars 26, 2013, 5:38
    • Oui les avis sont vraiment partagés, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour ma part, je l’ai beaucoup aimé et pour cela, je le recommande vivement. Mais il faut le voir en sachant à quoi s’attendre sinon on peut facilement passer à côté.

      Publié par Wolvy128 | mars 26, 2013, 5:51
  3. Avis complètement opposé pour ma part…

    Publié par wildgunslinger | mars 27, 2013, 7:44
    • Oui j’ai lu ta critique après avoir vu le film et pour le coup, je ne suis vraiment pas d’accord avec toi. J’avoue même ne pas comprendre comment tu peux lui attribuer une note pareille et mettre un 6 à un film comme L’Homme aux Poings de Fer qui lui est un vrai nanar avec aucune qualité. Tu as bien sûr le droit de ne pas aimer (et d’ailleurs tu n’es pas le seul^^) et de critiquer le fond mais sur la forme, le film est quand même remarquable. Et je ne le reconnais absolument pas en te lisant. En tout cas, je n’ai pas souvenir qu’on ait déjà eu un avis aussi opposé sur un film, c’est une grande première ! 😛

      Publié par Wolvy128 | mars 27, 2013, 3:14
  4. J’étais curieuse de lire ton avis sur ce film, parce que moi il ne m’avait pas du tout convaincu. Et même avec ton point de vue, je sais pas il y a toujours un truc qui me dérange. Comme tu l’a dit la première partie est une séries de clichés sur le fameux Spring Break qui pour moi étaient plus lourd les uns que les autres. Mais j’ai pas plus accroché que ça à la deuxième partie non plus. Bon même si j’admets que niveau visuel, comme tu l’as dit, le film est assez réussi, je trouve que ça ne comble pas assez les lacunes du scénarios. Oui malgré ‘l’action’, l’histoire m’a carrément ennuyée en fait, et les personnages m’ont vraiment pas convaincus non plus à vrai dire. En fait je me suis vraiment pas retrouvée dans ce film au point de me demander à plusieurs reprises durant la séance quelle était cette connerie (sorry le mot est peut-être un peu fort) que j’étais en train de regarder.

    Publié par Anne-So | mars 28, 2013, 7:01
    • Je comprends tout à fait qu’on puisse ne pas aimer ce film. C’est tellement spécial que soit on accroche, soit on reste à quai. Et pour ma part, j’ai plutôt bien accroché. En partie d’ailleurs pour les raisons qui ont fait que tu n’as pas aimé. En effet, les lacunes du scénario que tu évoques n’en sont pas vraiment pour moi, il s’agit simplement d’un film qui exprime le manque de repères de la jeune génération actuelle au moyen d’un événement de débauche comme le Spring Break. Et comment représenter cela si ce n’est en montrant la vacuité dans laquelle les personnages s’enfoncent progressivement. Du coup, le film peut paraître complètement vide mais c’est justement ce qu’il cherche à dénoncer selon moi.

      Mais je comprends ton ressenti car les personnages ne sont pas particulièrement attachants et l’histoire peut facilement ennuyer si on n’y voit aucun intérêt. Personnellement, j’y ai vu de l’intérêt et, de par son esthétisme exacerbé et sa BO enivrante, le film est parvenu à susciter chez moi pas mal d’émotions.

      Publié par Wolvy128 | mars 28, 2013, 7:31
  5. Je reviens mettre tout le monde d’accord avec ma chronique; peut être partage-t-on le même sentiment sur le film: http://wp.me/p37RW5-6A.

    Publié par profondeursdechamp | mars 30, 2013, 12:17
  6. Pour ma part, la vision de ce film fut expérience abominable. La vacuité de l’existence de ces jeunettes dont tu parles n’a d’égal que celle de ce film d’une rare prétention. L’esthétique gratuite est atroce, la bande-son pire encore et Franco à mourir de rire (faut dire que la VF n’aide pas). Quant au message pseudo-transgressif, il fait pshitt dès lors que les donzelles jouent les effarouchées. Le réal nous en promet beaucoup mais ne montre rien d’autre que du cliché qui finit en FPS écervelé. Même en lisant cette intéressante chronique enthousiaste, je ne vois qu’un délire arty-ficiel.

    Publié par princécranoir | Mai 9, 2013, 10:24
    • Tu as le droit de ne pas aimer (tu n’es pas le seul d’ailleurs^^) et de critiquer le fond mais dire que l’esthétique est atroce et que la bande son est encore pire, ça n’a vraiment aucun sens. En effet, qu’on accroche ou pas au film, ses qualités visuelles et sonores sont indéniables.

      Publié par Wolvy128 | Mai 9, 2013, 2:57
      • Ah.. Si tu le dis. Dans ce cas les dialogues c’est du Shakespeare tant qu’on y est.

        Publié par princécranoir | Mai 9, 2013, 4:12
        • Je ne comprends pas ta remarque puisque je n’ai jamais dit ça, je parlais uniquement de la forme en réponse à ton commentaire précédent. Dire qu’elle est atroce est, selon moi, soit malhonnête intellectuellement soit une faute de goût énorme car on ne peut pas nier que les plans sont travaillés et que la photographie est soignée. Le réalisateur n’a pas simplement posé sa caméra sans réfléchir en attendant que quelque chose se passe. Et ça se ressent dans le visuel au niveau du jeu de lumière et de couleurs. Après je le répète, chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer un film, quelles que soient les raisons. Je peux comprendre que l’esthétique ne te plaise pas mais dire qu’elle est atroce me semble, si ce n’est faux, au moins un peu excessif. Tu peux ne pas du tout adhérer au style visuel en lui reconnaissant tout de même des qualités.

          Publié par Wolvy128 | Mai 9, 2013, 4:53
  7. Encore une fois, ce n’est pas parce que c’est « travaillé » (encore que filmer de la viande qui gigote au ralenti pendant de trop longues minutes ne demande pas spécialement de travail selon moi) que c’est forcément de bon aloi. D’ailleurs, je crois savoir que Korine revendique pour le film l’influence de l’esthétique du clip, de ses excès plastiques et de ses outrances visuelles. Mais il s’avère que cet usage répété, qu’il veut hypnotique (voire « pénétrant » pour reprendre ses termes), ne touche aucunement sa cible (tous les jeunes de l’âge des protagonistes qui étaient dans la salle se sont ennuyés comme des rats morts, totalement imperméable au choix formel du réal). ce qui le met d’autant plus hors du coup. Toujours selon moi.

    Publié par princécranoir | Mai 9, 2013, 7:20
    • Le fait que le film touche sa cible ou non est un tout autre débat. Et d’ailleurs je ne pense pas que le public de ta salle soit suffisamment représentatif de la cible pour pouvoir en juger. Tu abordais simplement la forme du film que tu qualifiais d’atroce, or ce n’est pas le cas. C’est pourquoi je me permettais de te répondre. Ce n’est peut-être pas ton style (et c’est compréhensible) mais on ne peut pas nier que la photographie est soignée.

      Publié par Wolvy128 | Mai 10, 2013, 4:48
  8. J’espère que les jeunes filles ne s’identifieront pas à ce genre de bécasses. Sexualité et violence….trop facile de jouer la dessus. Je n’ai vu que le bande annonce est j’ai été choquer. Comment de pauvres filles peuvent économiser je ne sais combien d’année pour une vieille fête…nan je ne comprends absolument pas ni le scénario ni l’intérêt de se film a part de mettre en avant des paumées en chaleur. Elles auraient du se faire sauter des le début du film ça aurait économiser 2h de vide absolu. Des milliers d’année de civilisation pour en arrivé la…

    Publié par mae | juillet 5, 2013, 1:32
    • Chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer un film mais la moindre des choses est quand même de le regarder avant d’en parler. D’autant plus que pour le coup, Spring Breakers est loin d’être vide et dénonce justement les excès qui vous choquent au travers de l’expérience malheureuse de ses 4 jeunes filles.

      Publié par Wolvy128 | juillet 5, 2013, 3:46
      • Je suis d’accord avec vous, chacun est libre d’aimer ou non un film. Mais ce qui me révolte c’est l’influence de ces médias sur des jeunes bien influençables qui ont un besoin d’identification (je ne parle pas pour tous évidemment). J’ai déjà constaté l’effet de la série Skin sur bon nombre de jeunes et malheureusement sur ma jeune cousine qui est aujourd’hui en centre de désintoxication. Je suis donc très résistante à ce genre de film et de scénario en vue des conséquences.

        Publié par maevacharbonnier | juillet 5, 2013, 4:06
        • Je comprends ce que vous dites mais le problème ne vient pas du film selon moi mais plutôt de certains spectateurs qui sont, comme vous le dites, trop influençables. Une œuvre, quelle qu’elle soit (film, série, musique, jeux vidéos…), a le droit d’être un peu subversive et de déranger (ce serait ennuyeux de verser systématiquement dans le consensuel) mais il appartient alors au public d’avoir le recul nécessaire pour pouvoir faire la part des choses. Et cela passe peut-être par une limite d’âge imposée, même si je reconnais qu’avec internet, ça ne sert plus vraiment à grand chose. Un meilleur contrôle parental dans ce cas? Bref, tout ça pour dire que je vous comprends mais que l’origine du problème est ailleurs pour moi.

          Publié par Wolvy128 | juillet 5, 2013, 5:57
  9. Je viens de recevoir le BluRay. Un troisième visionnage s’imposera donc en Août pour cette petite bombe 🙂

    Publié par wilyrah | juillet 29, 2013, 11:57

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