Il aura fallu le temps mais j’ai enfin vu Melancholia, le dernier film de Lars Von Trier. J’avais malheureusement loupé le film à sa sortie en salle et je me suis rattrapé récemment avec le DVD. Pour rappel, le film s’intéresse à une immense planète bleue appelée Melancholia qui se rapproche dangereusement de la Terre, menaçant l’ensemble de l’humanité. Quant au casting, il est plutôt somptueux puisqu’il réunit notamment Kirsten Dunst (Justine), Charlotte Gainsbourg (Claire), Kiefer Sutherland (John), Alexander Skarsgård (Michael), John Hurt (Dexter) ou encore Charlotte Rampling (Gaby).
Comme vous vous en doutez certainement au vu de ma note, je fais partie de ceux qui ont bien aimé le film, pour ne pas dire adoré. Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance. D’une part car j’avais été franchement déçu par le film précédent de Lars Von Trier, à savoir Antichrist. Et d’autre part car on comparait beaucoup le film à The Tree of Life, que j’ai personnellement détesté. J’appréhendais donc le pire mais je dois dire que j’ai très vite été rassuré, dès l’intro en fait. Une intro techniquement magnifique qui nous offre plusieurs minutes de toute beauté et qui règle une question d’entrée, celle de la fin du film. En effet, on apprend dès le début que la Terre va être percutée par cette étrange planète bleue du nom de Melancholia. Un choix scénaristique très judicieux car une fois cette question évacuée, on peut apprécier à sa juste valeur l’évolution des comportements de chacun. Et en cela, je trouve le film très réussi car il met l’accent davantage sur les personnages que sur cette pseudo fin du monde. Ce qui est extrêmement intéressant car le cinéma contemporain ne nous a pas habitués à ce genre de traitement subtil pour un événement tragique tel que la fin du monde.
Comme beaucoup je pense, j’ai préféré la seconde partie du film (centrée sur Claire) que j’estime plus profonde et plus intéressante à bien des égards. Néanmoins la première partie (centrée sur Justine) n’est pas ennuyeuse pour autant et même si elle est un peu moins intéressante en termes de contenu, elle a au moins le mérite de poser les bases de l’histoire et de décrire les principaux personnages. On découvre ainsi la personnalité tourmentée de Justine et le sentiment de dépression qui l’anime. Un sentiment certainement pas étranger à l’environnement qui l’entoure. En effet, si on caricature un peu, on s’aperçoit que son entourage n’est quand même pas franchement génial, avec notamment un patron sadique, une mère on ne peut plus désagréable et un père complètement paumé. On prend donc progressivement conscience de sa détresse intérieure et celle-ci contraste avec la force et la vigueur de Claire. Cette dernière est d’ailleurs assez violente avec sa sœur, notamment quand elle lui dit « Sometimes I hate you so much » après le mariage. C’est une phrase qui m’a beaucoup marqué car elle revient une seconde fois à la fin du film mais la situation est alors radicalement inversée. Effectivement, la fébrilité de Justine a laissé place à une force nouvelle alors que, de son côté, Claire est complètement perturbée et n’arrive pas à appréhender ce qui va arriver. Pour moi, cette réplique et surtout la manière dont elle est dite illustrent parfaitement l’idée de chaque partie et montre l’évolution psychologique des personnages face à un événement aussi exceptionnel que la fin du monde.
Mais au-delà de tous ces aspects, si j’ai tant apprécié ce film, c’est avant tout grâce aux magnifiques interprétations de Kirsten Dunst et de Charlotte Gainsbourg. Des interprétations qui paraissent simples à première vue mais qui ne le sont pas du tout car des sentiments tels que la mélancolie ou la dépression sont très difficiles à jouer. Et elles le font avec tellement de naturel que ça en devient juste touchant et crédible. Il est vrai que je suis un grand fan de Kirsten Dunst depuis toujours mais honnêtement, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vue livrer une performance d’un tel niveau (depuis Virgin Suicide peut-être). Le genre de performance qui vous fait parfaitement ressentir ce qu’elle peut vivre sans qu’elle ait besoin de dire un seul mot. D’ailleurs elle ne parle pas énormément dans le film et pourtant son jeu n’en est pas moins intense. En tout cas, j’avoue que la voir souffrir en silence comme ça pendant une bonne partie du film m’a pas mal bouleversé. Et c’est là que la fin du film est vraiment magistrale car on ne ressent plus ce sentiment de détresse perpétuelle mais plutôt un soulagement, comme si elle était enfin en paix. Et si on ajoute à cela le sublime visuel en arrière-plan, ça donne un dénouement absolument mémorable.
Bref, le style est vraiment remarquable, le fond est plutôt intéressant et les actrices sont juste formidables. Pour toutes ses raisons, je pense donc que Melancholia est définitivement un film à voir. Même si je ne suis pas sûr qu’il ravira forcément tout le monde car il faut quand même rentrer dedans pour véritablement l’apprécier. Et vu la relative lenteur du film, ça pourrait bloquer certains. Mais bon il faut se lancer car ça ne veut finalement pas dire grand chose. En effet, j’avais personnellement été beaucoup dérangé par la lenteur et les plans un peu saccadés de The Tree of Life alors que ça m’a semblé tout à fait naturel et justifié ici. Une très belle expérience cinématographique en définitive !
Je partage en tout point ton point de vue. Je trouve le film remarquablement construit, et l’interprétation des actrices m’a bluffé. Un des meilleurs films de cette année 2011.
Oui absolument ! En tout cas, je suis content d’avoir pu le voir avant de livrer mon top 2011 car il risque d’y figurer. 😉
Je partage absolument pas cet avis. Grand amateur de LVT, je suis terriblement déçu de ses deux derniers films, dégoulinants de prétention et de mégalomanie.
J’avais pas aimé son précédent non plus mais celui-là m’a beaucoup plu. Contrairement à The Tree of Life, j’ai pas trouvé le film prétentieux.
J’ai également beaucoup apprécié le film, bien qu’un peu lent dans la partie ‘Justine’. Les toutes premières images, oniriques, sont captivantes. Selon ce que j’ai ressenti, il ne faut pas prendre au premier degré l’anéantissement de la Terre par la planète Melancholia. Selon moi, LVT nous fait plonger dans le cerveau de Justine, un esprit qui est peu à peu envahi par la mélancolie, la dépression et sans doute la folie suicidaire dans laquelle elle va entrainer sa soeur et le fils de celle-ci. J’y ai vu des références à Mulholland Drive pour ces aspects de dualités et d’introspections oniriques. Peut-être même que LVT y fait un clin d’oeil dans la séquence de la limousine engagée dans la petite route tortueuse. La seconde partie du film est oppressante, sentiment d’étouffement de Claire à l’idée d’être prisonnière dans cette grande propriété isolée avec son fils vulnérable et sa soeur suicidaire. Cela m’a fait penser à The Shining.
votre commentaire m’a bien fait sourire , car vous ne parlez que de la psychologie des personnages et non de tension qui existe dans tout le film , qui arrivée à son paroxisme explose à la fin du film . j’aime beaucoup ces 2 actrices mais leur jeu ici n’a rien de remarquable . je ne suis pas du tout une adepte des films de terreur ou de fantastique , mais j’ai trouvé extraordinaire cette approche de la planète bleue qui va heurté la terre . C’est ce que je retiendrai de ce film . Le silence y est pour beaucoup…;;
Quel commentaire ? Vous parlez de la critique j’imagine.
Si je me replonge quelques années en arrière, je crois me souvenir avoir concentré mon billet sur l’aspect psychologique du film car c’est dans cette dimension que réside, à mon sens, tout son intérêt. Je maintiens d’ailleurs la performance subtile des actrices qui parviennent à retranscrire à merveille une multitude d’émotions, dont la mélancolie. Après, ça ne veut pas dire que le long-métrage est dépourvu de tension mais ça reste plutôt secondaire pour moi, et bien en deçà d’autres productions. Contrairement à d’autres films de « fin du monde », l’approche est beaucoup plus intimiste ici.