★★★☆☆, Critiques de Films

[Critique] La Mule

A plus de 80 ans, Earl Stone (Clint Eastwood) est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot qui – en apparence – ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain.

Premier retour de Clint Eastwood devant et derrière la caméra depuis le fabuleux Gran Torino, en 2009, La Mule est un thriller dramatique, certes plutôt intéressant sur quelques points, mais néanmoins extrêmement mineur dans la riche filmographie du bonhomme.

En effet, si le message que le cinéaste américain tente de transmettre à travers le parcours du héros du film est forcément louable, et aussi – il faut le reconnaître – infiniment touchant, il s’exprime malheureusement à l’écran de manière bien peu convaincante. Outre l’usage de lieux communs éculés, l’extrême répétition des dialogues ou l’écriture trop faible des personnages secondaires, on regrettera surtout le côté générique de la réalisation. Sans forcément faire dans l’original, l’artiste américain nous avait effectivement habitué à une photographie minutieuse, apportant à ses œuvres un regard acéré, élégant et perspicace. Ici, l’ensemble paraît au contraire quelconque et fonctionnel, épousant sans faire d’étincelles une narration terriblement scolaire, consistant en une série de road trips plus tranquilles que passionnants. Il en découle, dès lors, un long-métrage d’une platitude absolue, incapable d’installer des enjeux forts et de construire des personnages consistants.

A l’exception de Earl, figure centrale du récit, aucun protagoniste ne parvient d’ailleurs à véritablement exister à l’écran. Un point problématique dans l’optique de conférer au propos une vraie portée émotionnelle. La famille, pourtant si importante dans le message du film, n’apparaît ainsi que trop rarement, et de façon souvent maladroite. Non seulement les échanges ne sont pas inspirés, mais ils semblent aussi parfois insérés sans soin entre les escapades routières de l’octogénaire. Il apparaît du coup difficile pour le spectateur de se sentir complètement concerné quand vient le temps de la rédemption. Finalement, les scènes les plus marquantes du long-métrage sont peut-être celles impliquant Clint Eastwood et Bradley Cooper, les dialogues étant pour une fois riches de sens. Malgré cette relative déception formelle et scénaristique, La Mule n’est cependant pas une catastrophe, le film pouvant compter sur le charisme du comédien, ainsi que sur ses similitudes touchantes avec le personnage, pour maintenir l’intérêt pendant près de 2 heures.

Pour son premier retour devant et derrière la caméra depuis Gran Torino, Clint Eastwood signe donc un drame intéressant mais mineur. Peu inspiré, tant sur le fond que sur la forme, le film manque malheureusement trop de nuance et de hauteur que pour vraiment convaincre. Reste toutefois un acteur charismatique et un message familial touchant.

À propos de Wolvy128

Fondateur et rédacteur du site. Passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien.

Discussion

8 réflexions sur “[Critique] La Mule

  1. Je ne suis pas sûr d’être du même avis, tant ce film m’a plu. Il m’a plu da’s le sens le plus plaisant du terme. Je n’y vois pas toute la dramaturgie qui fondé les monuments de la filmo eastwoodienne, et pourtant il est jalonné des thématiques qui traversent son œuvre. Sans en faire un de mes préférés de Clint, je le trouve, à ma grande surprise, supérieur même à Gran Torino, notamment par son impertinence et son humour féroce qui ne sont jamais évoqués dans l’article.

    Publié par princecranoir | janvier 28, 2019, 9:34
    • Supérieur à Gran Torino ? Ah ouais quand même.

      Sincèrement, j’aime de nombreux films de Clint, mais celui-là m’a laissé plutôt indifférent. S’il n’est pas dénué de qualités (celles que tu mentionnes sont assez maigres je trouve), l’ensemble manque trop de subtilité à mon goût que pour vraiment marquer les esprits.

      Publié par Wolvy128 | janvier 28, 2019, 10:12
  2. Clint a été mieux inspiré par le passé, mais on ne boude le plaisir de le retrouver quand même. Bientôt 89 ans… Chapeau à lui !

    Publié par le cinema avec un grand A | janvier 29, 2019, 9:00
  3. Je ne sais pas si je suis passée à côté de ce film, mais je n’ai vraiment pas accroché. Alors oui, si tu le prends comme film testament, on peut lui donner une autre perspective. Mais en tant que tel, j’ai trouvé le film longuet, répétitif et sans tension. Un film vraiment standard qui ne marque pas du tout.

    Publié par cinemathequedeclelia | janvier 29, 2019, 5:57
    • Je te comprends, et je suis d’ailleurs assez d’accord avec ton ressenti. Pour l’aspect testamentaire du film, je me situe toutefois un peu au milieu. Ni vraiment bon, ni tout à fait mauvais.

      Publié par Wolvy128 | janvier 29, 2019, 7:08
  4. Je comprends ton avis, je suis assez d’accord. Pour autant je me suis attachée à Earl/clint et je ne me suis pas ennuyée ( ce qui arrive pourtant souvent avec les films de + d’1h30!).
    Merci pour ton avis 🙂

    Publié par auroreinparis | février 7, 2019, 10:24
    • Aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis assez d’accord avec toi. Effectivement, je ne me suis pas ennuyé et j’ai trouvé le héros plutôt attachant. En revanche, contrairement à toi, ça ne m’a pas suffi pour être totalement convaincu. Un film intéressant mais mineur (et perfectible).

      Publié par Wolvy128 | février 7, 2019, 7:10

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