★★★☆☆, Critiques de Films

[Critique] Call me by your name

Été 1983. Elio Perlman (Timothée Chalamet), 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia (Esther Garrel). Son père (Michael Stuhlbarg), éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère (Amira Casar), traductrice, lui ont donné une excellente éducation, et il est proche de ses parents. Un jour, Oliver (Armie Hammer), un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont bientôt découvrir l’éveil du désir, au cours d’un été ensoleillé dans la campagne italienne qui changera leur vie à jamais.

Adapté du roman éponyme d’André Aciman, Call me by your name est un drame romantique de Luca Guadagnino (Amore, A Bigger Splash). Précédé de nombreuses critiques élogieuses, le film séduit principalement par la performance prodigieuse de Timothée Chalamet. Le jeune acteur franco-américain, aperçu dans Interstellar en 2014, délivre effectivement une interprétation saisissante dans la peau de cet adolescent cultivé totalement désarçonné, émotionnellement et physiquement, par l’arrivée dans son quotidien d’un doctorant américain ne passant définitivement pas inaperçu. C’est peu de dire qu’il vole complètement la vedette à son partenaire. Et pourtant, une fois n’est pas coutume, Armie Hammer est loin de démériter. Malgré un personnage ayant beaucoup de mal à dépasser le statut de jeune apollon, la faute à une écriture refusant de creuser davantage ses multiples fissures, le comédien affiche tout de même un étonnant charisme. Un constat que l’on peut largement étendre à l’ensemble du casting, chaque acteur apportant une vraie plus-value à son rôle. On retiendra notamment la prestation à nouveau particulièrement inspirée de Michael Stuhlbarg, absolument extraordinaire dans son monologue final (assurément l’une des plus belles séquences du film).

Malgré tout, de manière très personnelle, je dois reconnaître que le long-métrage ne m’a que trop rarement ému, ou même emporté. La faute, selon moi, à un découpage laissant à désirer et un scénario n’exploitant pas assez profondément le potentiel – autre que romantique – du récit. L’installation du cadre et des personnages se révèle par exemple assez poussive, et surtout beaucoup trop longue. Bien sûr, le jeu sensuel auquel se prêtent les deux personnages dans la première moitié est infiniment nécessaire pour mieux ressentir l’incroyable explosion de sentiments dans la seconde, mais ce segment aurait néanmoins pu être resserré sans perdre en efficacité. Cela nous aurait évité quelques dialogues faussement intelligents n’ayant rien à raconter. En outre, si le film s’avère plutôt brillant dans sa façon de représenter à l’écran ce premier amour marquant et éphémère, proposant notamment un travail intéressant sur les corps, son propos reste malheureusement trop superficiel sur beaucoup de sujets. Enfin, sans être transcendante, la mise en scène séduit cependant par sa sobriété, s’effaçant souvent au profit des décors et de la lumière. Mention spéciale au dernier plan, à la fois déchirant et magnifique.

Porté par un Timothée Chalamet prodigieux, Call me by your name est donc un drame lumineux, représentant à merveille ces (premiers) amours estivales, dont on se souvient encore parfois avec les yeux remplis de larmes. Dommage cependant que le propos ne dépasse, volontairement ou non, jamais vraiment le cadre romantique.

À propos de Wolvy128

Fondateur et rédacteur du site. Passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien.

Discussion

4 réflexions sur “[Critique] Call me by your name

  1. Ahhh je suis contente de voir que tu as enfin pu découvrir ce film. Je ne vais pas te mentir, ma critique sera beaucoup plus élogieuse tant le film m’a touchée. Mais je comprends tes remarques et on est au moins d’accord pour dire Timothée Chalamet est tout simplement incroyable (comme ce dernier plan et comme le monologue du père).

    Publié par cinemathequedeclelia | février 15, 2018, 9:29
    • Oui en effet, le film dispose de superbes qualités, c’est indéniable !

      S’il m’avait davantage touché/emporté, je pense qu’il aurait pu récolter une magnifique note car je ne relève, malgré tout, aucun gros défaut (rien qui gâche le plaisir en tout cas). Peut-être mes attentes étaient-elles trop hautes ? Je ne sais pas.

      Publié par Wolvy128 | février 15, 2018, 10:04
  2. Très bonne critique ! J’ai adoré le film, pour ce qui est de la mise en place de l’histoire, dans le livre aussi l’auteur prend le temps d’installer les choses. Et je trouve que le réalisateur a trouvé un juste milieu quant à l’expression de la sensualité. Et Timothée Chalamet est époustouflant, son regard nous captive instantanément ! Il ira loin !

    Publié par BacktoChristina | mars 3, 2018, 10:43

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :