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[Critique] Lion

affiche-lionRéalisé par Garth Davis, qui signe là son tout premier film, Lion raconte l’histoire vraie de Saroo Brierley. Au milieu des années 80, en Inde, Saroo vit dans la plus extrême pauvreté. A 5 ans, il est séparé de sa famille et se retrouve sans domicile fixe dans les rues de Calcutta. Bientôt recueilli par une famille australienne, il apprend l’anglais, intègre une autre culture, loin de ses origines. Devenu adulte, Saroo décide de retrouver la trace de sa mère.

Adapté du récit autobiographique A Long Way Home, publié en 2013, Lion est un long-métrage poignant qui se révèle, au final, bien plus ambitieux que la promo ne le laissait entendre, tant sur le fond que sur la forme. Si la comparaison avec Slumdog Millionaire paraît forcément inévitable au regard du cadre dans lequel l’histoire prend place, et de la présence au casting de Dev Patel, le film possède, fort heureusement, sa propre identité.

Et ça tombe bien puisque d’identité, il est vraiment question dans le film. En suivant le parcours de Saroo, de sa plus tendre enfance à l’âge adulte, le récit décrit effectivement une formidable quête identitaire, qui trouvera son apogée dans un dénouement final riche en émotion. Le scénario a toutefois la bonne idée de ne pas se limiter à cette seule thématique, embrassant certains sujets attendus tout en surprenant avec d’autres. Par le prisme de cet incroyable périple humain, le long-métrage porte autant un regard sans concession sur l’Inde des années 80 qu’il n’offre une réflexion émouvante sur l’adoption, et sur la vie passée qu’elle implique. Deux parties distinctes – l’une indienne et l’autre australienne – dont on pouvait craindre au départ la singularité, vecteur de déséquilibre, mais c’était sans compter la finesse d’écriture du scénariste Luke Davies et l’immense qualité du montage. D’abord linéaire, celui-ci jongle en effet habilement, par la suite, avec les souvenirs du passé, souvent synonyme de blessures profondes pour le personnage. Si l’adoption peut offrir une nouvelle vie, elle n’efface pas l’ancienne. C’est ce que Lion illustre très bien en exprimant le dilemme paradoxal de Saroo, incapable de se rapprocher de son ancienne vie sans s’éloigner de la nouvelle.

photo-lionEn cela, le long-métrage s’avère particulièrement brillant puisqu’il profite d’une histoire bouleversante pour faire naître une réflexion passionnante, le tout sans prétention ni jugement. Certains regretteront peut-être un côté un peu larmoyant mais l’émotion n’est, à mon sens, jamais factice, et n’occulte jamais non plus l’ensemble du propos. Le récit étant, par nature, terriblement vibrant, parvenir à en retranscrire toute l’intensité avec sincérité constitue un bel accomplissement. Et de là à lâcher quelques larmes, il n’y a évidemment qu’un pas. Si le film atteint cette puissance émotionnelle, c’est aussi grâce à son superbe casting. Outre les prestations exemplaires de Nicole Kidman et Rooney Mara, on retiendra surtout les performances incroyables de Dev Patel et Sunny Pawar. Bouleversant d’authenticité, le premier prend littéralement aux tripes dans la peau de ce jeune homme sensible rattrapé par son passé. Quant au second, il est incontestablement la révélation du film. Malgré son jeune âge, et son manque total d’expérience, il dégage une aura assez saisissante. Enfin, la beauté de Lion ne réside pas uniquement dans son fond puisque la forme s’avère, elle aussi, extrêmement soignée. De la mise en scène aux cadrages, en passant par la photographie, tous les ingrédients sont réunis pour délivrer des plans somptueux.

Pour son premier film, le réalisateur Garth Davis frappe donc un énorme coup avec Lion. Porté par un casting remarquable (mention spéciale à Dev Patel et Sunny Pawar), une dimension technique irréprochable et un récit à l’émotion dévastatrice, le long-métrage décrit avec sincérité un formidable parcours identitaire. Le genre de parcours dont on ne ressort pas tout à fait indemne. Bouleversant !

À propos de Wolvy128

Fondateur et rédacteur du site. Passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien.

Discussion

6 réflexions sur “[Critique] Lion

  1. Il m’a l’air bien mais j’ai peur de pleurer comme une madeleine dans la salle héhé

    Publié par lartdeflaner | février 24, 2017, 8:04
  2. Je suis un tout petit peu moins emballée que toi mais je comprends ton point de vue. Je trouve notamment que la thématique de l’adoption aurait pu être poussée un peu plus. La deuxième partie voulait aborder tellement de choses qu’elle a eu tendance à les traiter parfois qu’à la surface… J’en voulais plus ! Mais je partage ton avis sur les acteurs et les aspects techniques.

    Publié par cinemathequedeclelia | février 26, 2017, 7:28
    • Je peux comprendre cette impression de traitement en surface dans la deuxième partie. Pour ma part, j’ai justement trouvé que le film disait énormément de choses, mais avec beaucoup de retenue et de subtilité, sans avoir l’air d’y toucher. Je préfère ce type de traitement, qui laisse pas mal de place au ressenti personnel, qu’un traitement un peu trop explicatif/démonstratif.

      Publié par Wolvy128 | février 26, 2017, 7:39
  3. Je suis aussi un peu moins emballé que toi. Je trouve que l’histoire est « facile » : on sait que ça va fonctionner sur le spectateur : c’est touchant, ça met en scène un enfant. J’ai trouvé le début de la 2ème partie un peu laborieuse. Je n’ai pas trouvé ce thème de l’identité très lisible tout au long du film. Sinon j’ai trouvé le film agréable, bien joué et joli, mais je m’attendais à mieux. 🙂

    Publié par misterniku | février 27, 2017, 7:20
    • Désolé mais l’histoire « facile » n’est vraiment pas un argument selon moi. D’une part car, dans ce cas, c’est plutôt fidèle à l’histoire originale, et n’est donc pas motivé par un désir insidieux d’attendrir inutilement le spectateur. Et d’autre part car une histoire simple au demeurant n’est en rien un défaut, de la même façon qu’un récit complexe n’est pas forcément gage de qualité. Ça me chagrine toujours de voir à quel point une histoire émouvante par nature peut être taxée de jouer trop sur la corde sensible. Surtout que le film a tout de même un vrai propos. Puis je ne suis pas sûr que l’aspect « enfant mis en scène » soit sûr de fonctionner. En ce qui me concerne, c’est assez peu concluant d’habitude.

      Pour le reste, j’entends bien ton ressenti en revanche ! 🙂

      Publié par Wolvy128 | février 27, 2017, 9:46

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