ATTENTION ! Article contenant des spoilers !
Après avoir découvert le film cette semaine, et publié ma critique mercredi soir, je reviens à nouveau aujourd’hui sur le sensationnel Nocturnal Animals, pour partager cette fois mon interprétation de l’histoire, et revenir sur le dénouement ambigu que nous propose le réalisateur, et scénariste, Tom Ford. Une démarche loin d’être indispensable pour pouvoir apprécier le long-métrage mais qui s’avère particulièrement intéressante compte tenu de l’extrême richesse de la réalisation, tant sur le fond que sur la forme. Derrière l’apparente simplicité de certains événements se cache effectivement un récit dense, abordant avec subtilité des thématiques plutôt variées telles que l’amour, la créativité, l’art ou encore les regrets.
Pour rappel, Nocturnal Animals est l’adaptation du roman Tony and Susan, publié par Austin Wright en 1993. L’histoire s’intéresse à Susan Morrow (Amy Adams), une galeriste d’art de Los Angeles qui s’ennuie dans l’opulence de son existence, délaissée par son riche mari Hutton (Armie Hammer). Alors que ce dernier s’absente, encore une fois, en voyage d’affaires, Susan reçoit un colis inattendu : un manuscrit signé de son ex-mari Edward Sheffield (Jake Gyllenhaal), dont elle est sans nouvelles depuis des années. Une note l’accompagne, enjoignant la jeune femme à le lire puis à le contacter lors de son passage en ville. Seule dans sa maison vide, elle entame la lecture de l’œuvre qui lui est dédicacée.
Avant toute chose, il me paraît bon de m’arrêter brièvement sur le titre du long-métrage. Concrètement, que désignent les fameux « Nocturnal Animals » ? Au détour d’une conversation avec son assistante, Susan nous apprend dans le film que c’est le terme employé par Edward pour la désigner, elle qui éprouve les pires difficultés à dormir la nuit. C’est d’ailleurs le titre qu’il a utilisé pour son ouvrage (qui, faut-il le rappeler, lui est personnellement dédié). En prolongeant la réflexion à partir des informations glanées dans le récit, il est toutefois possible de compléter cette définition en y ajoutant, notamment, la notion de tristesse et de regrets, Susan étant complètement rongée par les remords lorsqu’elle regarde la tournure que sa vie a prise. Enfin, l’incapacité à suivre et à exprimer ses sentiments peut aussi être considérée comme une caractéristique des « Nocturnal Animals » puisque Susan ne cesse de se définir comme une personne réaliste.
Nocturnal Animals traitant simultanément de plusieurs intrigues se déroulant à des périodes différentes, et n’ayant pas forcément toutes une nature réelle, je pense qu’il est absolument primordial d’avoir une parfaite vision globale des événements pour pouvoir appréhender au mieux toutes les subtilités du récit. D’un point de vue purement chronologique, trois intrigues se jouent ainsi sous nos yeux pendant près de 2 heures : celle illustrant les souvenirs de Susan, celle montrant sa découverte du roman et celle représentant l’histoire du roman.
Alors qu’elle travaille à New York, Susan tombe nez à nez avec Edward, qu’elle a côtoyé plus jeune lorsqu’elle étudiait au Texas. Lors d’un dîner, ils s’avouent mutuellement leurs sentiments respectifs. C’est le début d’une belle histoire d’amour. Contre l’avis de sa mère (superbe Laura Linney), qui juge Edward faible et inférieur à elle, Susan l’épouse. Petit à petit, le mariage commence néanmoins à se dégrader. Jusqu’au jour où elle remet en cause le talent d’écriture d’Edward, estimant que son ouvrage est trop personnel. Devant la réaction défensive de son mari, elle se réfugie derrière son côté réaliste et son manque de créativité. Mais le mal est déjà fait, elle sonne désormais comme sa propre mère. Plus tard, Susan quitte Edward pour Hutton, un jeune bourgeois rencontré lors de l’un de ses cours. En sa compagnie, elle avorte du bébé d’Edward, qui les surprend tous les deux à la sortie de la clinique.
Près de 20 ans plus tard, on retrouve une Susan terriblement malheureuse. Elle a suivi les traces de sa mère, effectuant un travail qui ne la satisfait pas, vivant avec un mari qui la trompe et attendant des nouvelles d’une fille qui mène sa propre vie. C’est alors qu’elle reçoit le manuscrit du nouveau roman d’Edward : « Nocturnal Animals ». Devant la qualité de l’histoire, et surtout le talent d’écriture de son ex-mari, elle se met à se remémorer des souvenirs de leur vie passée et à questionner les choix qu’elle a pu faire. Pour la première fois depuis longtemps, elle retrouve la flamme de ce qu’elle a été, et de ce qu’elle pourrait encore être. Aussitôt la lecture terminée, elle contacte Edward pour lui faire part de son admiration et lui proposer de se revoir. Il accepte et fixe un rendez-vous. Le jour J, il ne se présente toutefois pas, laissant Susan seule avec ses cocktails à la table du restaurant.
Le roman d’Edward met en scène Tony (également interprété par Jake Gyllenhaal), un jeune homme dont le trajet en voiture sur les routes du Texas va le mener à un gang. Après une violente altercation, sa femme et sa fille sont finalement enlevées par une partie du groupe, tandis qu’il se voit contraint de conduire à l’aveugle dans le désert. Il finit par s’échapper et contacte la police dès le lendemain. Très rapidement, les corps nus de sa femme et de sa fille sont retrouvés non loin du lieu où il a faussé compagnie à ses ravisseurs. A l’aide d’un enquêteur (Michael Shannon), Tony se lance à la poursuite des assassins et finit par les retrouver. Avec son soutien, il décide de se faire justice lui-même. Après avoir réglé son compte à l’un des agresseurs, il tue alors le cerveau de la bande (Aaron Taylor-Johnson), mais meurt quelques minutes plus tard de suites d’un coup de feu tiré accidentellement.
Avant de rentrer véritablement dans le vif du sujet, il est important de préciser que l’ensemble du long-métrage est montré selon le point de vue de Susan. Le fait de retrouver Jake Gyllenhaal dans la peau de Tony n’a donc rien de très surprenant puisque Susan sait de source sûre qu’Edward n’écrit que sur lui. Comment donc imaginer une autre personne que lui pour incarner le héros ? D’autres éléments viennent, de surcroît, confirmer le fait qu’Edward écrit bien sur sa propre personne, et plus précisément sur sa rupture avec Susan. C’est le cas notamment de l’enlèvement et du meurtre de sa femme et de sa fille dans le roman, qui peuvent facilement être associés au départ et à l’avortement de Susan dans la réalité. Dans les deux cas, il est d’ailleurs intéressant de noter que le personnage reste totalement impuissant face à la menace, se montrant faible, comme la mère de Susan l’avait initialement prédit.
Une fois établi le fait que le livre d’Edward traite bien de son expérience personnelle avec Susan, il reste à présent à déterminer son sens, ainsi que le message qu’il a voulu faire passer à son ex-femme en lui envoyant une copie. Concernant le premier point, le film est assez clair. Edward exprime – tantôt explicitement (perte, détresse…), tantôt symboliquement (fauteuil rouge, voiture verte…) – l’épisode douloureux que Susan lui a fait subir en le quittant pour un autre homme et en lui refusant son enfant. En décrivant le parcours émotionnel torturé de Tony, c’est donc sa propre descente aux enfers qu’il manifeste. En cela, l’écriture du roman représente pour Edward un véritable acte cathartique, un moyen de libérer toutes ses pulsions pour surmonter le traumatisme vécu. Un moyen également de surpasser sa faiblesse initiale pour enfin tourner la page, à la manière de Tony dans la fiction qui domine sa lâcheté première en se faisant finalement justice lui-même.
Pour la raison qui l’a poussé à envoyer le manuscrit à Susan et à ne pas se présenter au rendez-vous, l’explication est par contre un peu moins évidente. De prime abord, le motif de la vengeance s’impose assez naturellement. Non seulement parce que le personnage a toutes les raisons de l’univers de vouloir se venger après ce que Susan lui a fait endurer, mais aussi, et surtout, car le film distille plusieurs indices sans équivoque tout au long du récit. Outre la toile arborant le mot « revenge » dans la réalité, on retiendra bien évidemment la vengeance viscérale de Tony dans le roman. Et quelle meilleure façon pour Edward de se venger de son ex-femme qu’en lui offrant l’espoir d’un nouveau départ avant de la (ré)abandonner ensuite à son monde de solitude et de vide ? Ne pouvant pas connaître la situation actuelle de Susan, je doute cependant qu’il ait vraiment voulu lui infliger une telle souffrance.
Selon moi, la démarche d’Edward va effectivement bien plus loin que la simple vengeance. Bien sûr, par ses actions (l’écriture du roman, l’envoi du manuscrit et l’absence au rendez-vous), il veut faire ressentir à Susan toute la douleur qu’elle lui a imposé en le trahissant de la sorte, et lui faire comprendre à quel point cet événement a conditionné tout le reste de son existence, mais l’objectif final est à mon sens davantage un cheminement personnel (nécessaire pour avancer) qu’une réelle envie de blesser l’autre. Malgré la violence de la rupture, celle-ci a quand même eu pour effet de l’endurcir et de le rendre meilleur écrivain. En ne se présentant pas au restaurant, il se prouve ainsi à lui-même, et surtout à Susan, qu’il n’est plus l’homme faible qu’il était autrefois. Après toutes ces années, il trouve enfin la force de la laisser partir, s’empêchant ainsi de devenir un « Nocturnal Animal », un être triste se réveillant la nuit avec des regrets et incapable d’évoluer.
Plus qu’un film sur la vengeance, Nocturnal Animals est donc pour moi un film sur l’importance et la nécessité de l’expression artistique pour appréhender la réalité et surmonter les épreuves du quotidien. Rongée par ses regrets, Susan est incroyablement malheureuse. Contrairement à Edward, elle est incapable d’exprimer ce qu’elle ressent réellement, et donc d’avancer dans sa propre vie. En cela, la scène finale est à la fois terriblement brutale et remplie d’espoir. Brutale car l’évolution d’Edward lui renvoie son propre échec en pleine figure, et remplie d’espoir car je pense qu’elle comprend enfin que rien n’est vraiment figé en définitive. Certes, elle n’est pas une personne créative mais au final, l’acte de création importe plus que la création elle-même. En extrapolant, on peut même étendre cette nécessité de créer à Tom Ford et à son film, les artistes ne parlant en fin de compte que d’eux-mêmes.
Pour conclure, vous l’aurez compris, si Nocturnal Animals est un film pouvant tout à fait s’apprécier sans explication supplémentaire, il dispose néanmoins d’une richesse formelle et scénaristique qui offre une belle base de réflexion à tous ceux qui souhaitent prolonger l’expérience de visionnage. Certaines scènes, dont le dénouement final, ayant une vraie ambiguïté, n’hésitez surtout pas à réagir en commentaire si vous avez des questions, des remarques ou même, qui sait, une interprétation différente de la mienne.
Merci Wolvy pour ce joli travail ! 🙂
Je propose deux autres interprétations :
1_ c’est Suzan qui est représentée par le personnage de Tony, comme le titre du roman l’indique, c’est Suzan qui n’a pas réussi à réagir pour s’écarter de cette triste vie, c’est Suzan qui a tué leur fille et donc leur couple.
2_ c’est bien Edward dans la peau de Tony, mais Suzan est dans la peau du méchant. Et c’est Edward qui la tue en lui envoyant le manuscrit et en ne venant pas au rendez-vous. Suzan a « tué » le couple d’Edward et sa fille, car on pourrait imaginer qu’il est en couple et avec une fille mais qu’il n’est pas heureux car il est tourmenté par son histoire passée avec Suzan.
Pas de quoi ! 🙂
Je n’ai pas développé en profondeur ce jeu d’association réalité/fiction dans mon analyse, l’importance de la démarche étant à mon sens plus importante, mais je rejoins nettement ta deuxième interprétation.
L’entièreté du film étant raconté selon le point de vue de Susan, seule sa perception nous permet d’identifier vraiment qui est qui. Et en l’occurrence, elle a clairement associé Tony à Edward. Un choix tout à fait cohérent, comme je l’explique dans l’article. Quant à elle, je pense qu’elle se voit au départ comme Laura (la ressemblance est trop frappante pour que ce soit une simple coïncidence) mais que l’évolution de l’histoire la rapproche progressivement de Ray. Comme tu le soulignes, les deux sont liés compte tenu de ce qu’ils font subir à Edward. Dès lors, la vengeance dans la fiction peut totalement présager de celle dans la réalité.
pour moi c’est clairement le (1); par l’histoire à laquelle il est impossible de rester indifférent, il lui fait vivre ce qu’elle aurait du expérimenter en l’abandonnant lâchement. elle n’a jamais compris à quel point elle a fait preuve de lâcheté en refusant de se battre (comme lui le lui demandait, dans la scène de la rupture). avec l’histoire, il lui remet entre les mains les années de souffrance d’avoir été lâche, au travers du vécu du père de famille incapable de défendre sa propre famille et portant sa croix. il la confronte violemment avec une relecture de sa propre histoire à elle, qu’elle ne peut maintenant plus ignorer. un peu comme de la thérapie comportementale, elle ne pourra plus jamais jouer le jeux d’utiliser des prétextes pour dissimuler sa lâcheté, son manque d’engagement. c’est peut être son dernier cadeau qu’il lui fait, mais je gage qu’elle est désormais guérie, capable d’assumer ses choix et de se battre pour eux, en commençant par lâcher son nouveaux mari infidèle et sa relation emplie de mensonges.
Très intéressante ton analyse ! Je partage pas mal de tes avis et tes points de vue. À propos de la fin, la vengeance est clairement mise en avant tout au long du film et le fait qu’il ne vienne pas au rendez-vous, montre, selon moi, qu’il a grandi, qu’il s’est endurci, qu’il n’est plus l’homme qu’il était avant (son personnage meurt dans son roman, ‘l’ancien lui’ aussi). Une manière de montrer à Susan que même si elle voulait le revoir, il a tourné la page et il est devenu meilleur, malgré tous les malheurs qu’il a dû affronter. A elle maintenant d’arriver à vivre seule alors qu’elle a envie (même si c’est que pour un petit moment) de le voir et d’être avec lui (la situation d’Edward avant qu’elle ne le quitte).
Par contre, je me suis demandé comment la question du bébé avait été traitée dans leur couple. Edward était-il au courant ? On peut supposer que oui puisqu’il est présent devant la clinique. Mais est-ce que Susan lui en avait parlé ou non? Je trouve que cela aurait peut-être pu mieux exploité dans le film.
Enfin bref, je pense qu’on peut en parler encore pendant des heures. Et j’ai hâte de le revoir !
Content de voir que nos avis se rejoignent ! Je suis moi aussi assez impatient de pouvoir le revoir car au-delà de la thématique centrale de vengeance, plusieurs autres niveaux de lecture transparaissent au fil de récit.
Concernant la question du bébé, il est vrai que ça aurait peut-être mérité davantage de traitement mais je pense que c’est vraiment voulu dans l’optique de rajouter à la violence de la nouvelle pour Edward. En effet, selon moi, il n’était pas au courant et fait le rapprochement en voyant Susan sortir de la clinique. Il est mis devant le fait accompli, sans possibilité d’intervenir dans la décision finale. Et la même chose se produit dans son roman, il n’a aucune incidence sur ce qui arrive à sa femme et sa fille.
Je suis un peu étonné que le film ait semble-t-il suscité autant d’interrogations tellement il me semble limpide… Quoiqu’il en soit, et aussi intéressant et réussi soit-il sur le plan formel, le fond est pour moi totalement rédhibitoire:
https://granderemise.net/2017/01/26/nocturnal-animals-critique/
Rédhibitoire ? Vraiment ? On n’a pas dû voir le même film alors car le fond est, à mon sens, tout aussi important que la forme.
Je ne dis pas le contraire. Je dis simplement que pour moi, le fond du film, profondément misogyne, est rédhibitoire.
J’ai lu votre billet et sincèrement, je suis totalement en désaccord avec la conclusion. Je ne vois d’ailleurs pas sur quoi elle s’appuie. Mais je vous invite à développer votre point de vue si vous le souhaitez (sans se préoccuper des spoilers, l’article est justement consacré à la discussion).
Rapidement : dans le livre que lit le personnage d’Amy Adams, c’est la réaction épidermique de la fille qui déclenche tout (son doigt d’honneur quand ils parviennent enfin à doubler la voiture). Puis, quand la tension commence à monter, alors que le personnage de Gyllenhaal reste en retrait et tente de jouer l’apaisement, c’est à chaque fois le comportement de la mère et de la fille qui (re)mettent le feu aux poudres. Je passe sur la façon délibérément esthétisante avec laquelle Ford filme ensuite leur 2 cadavres : comme s’ils s’agissait de 2 mannequins…
Et la conclusion? On comprend donc que Gyllenhaal fait payer à Adams son avortement. J’ai connu plus féministe comme point de vue… Et si elle est malheureuse, c’est parce qu’elle n’a pas eu le courage de se lancer dans une carrière artistique ELLE. Elle a fini par rentrer dans le rang et à se conformer à son rang justement, à ressembler à sa mère comme il le lui avait dit. Alors que lui a poursuivi son rêve et souffert le martyr, dignement, comme un homme, un vrai. Et pour la faire payer, il ne trouve donc rien de mieux que de lui poser un lapin, comme le dernier des machos.
Désolé mais si je reconnais à Tom Ford un beau sens visuel et un certain talent narratif je trouve cette misogynie à peine voilée absolument détestable.
Merci pour la précision ! Je comprends un peu mieux, même si je ne partage pas du tout cette analyse qui, je trouve, use beaucoup de raccourci.
Une partie de la misogynie, c’est d’ailleurs considérer systématiquement les femmes comme des victimes. Ce que n’est pas le personnage d’Amy Adams puisqu’elle semble décider de tout (en tout cas au début de l’histoire), et notamment de son couple. C’est d’ailleurs ça, plus que l’avortement, que le personnage de Jake Gyllenhaal condamne. Non seulement il subit la décision de rupture de Susan, mais il n’a, en plus, pas son mot à dire dans sa possible maternité.
Quant à la partie fictionnelle, j’avoue ne pas bien saisir le raisonnement menant à la misogynie. On dirait presque qu’elles méritent ce qu’ils leur arrivent à vous lire. Puis à mon sens, le gang aurait agi de la même façon quoi qu’il arrive. En plus, le fait que le personnage masculin soit un peu lâche a toute son importance pour la suite.
Enfin, le dénouement va, selon moi, bien au-delà de la simple vengeance. Mais je reconnais que cet aspect relève plus de l’extrapolation.
Mais justement, vous apportez de l’eau à mon moulin : le personnage d’Amy Adams est peut-être montrée comme une femme forte mais la conclusion c’est surtout qu’elle est une femme malheureuse, et à cause de ce qu’ELLE a fait. Elle est forte mais elle s’est trompée sur toute la ligne…
Sur la partie fictionnelle: attention, ce n’est pas moi qui le dit, c’est ce que montre Tom Ford! Revoyez la scène : tout part du doigt d’honneur de la fille. Et ensuite, c’est à chaque fois après une de ses réactions (insultes ou autre) ou une réaction de sa mère que les choses s’enveniment encore plus. Effectivement, on voit également la lâcheté du père (et il le regrette ensuite, il s’en veut pour ça) mais ce que montre Tom Ford dans cette scène est très très ambigu selon moi…
Mais en quoi c’est misogyne de montrer ce genre de trajectoire ? Le fait que ce soit une femme n’a aucune espèce d’importance, c’est un personnage qui a fait des choix et qui doit vivre avec. Et pour la partie fictionnelle, je me rappelle bien de la scène mais votre conclusion m’échappe complètement. Quand bien même la femme et la fille seraient le déclencheur de la querelle, quelle misogynie là-dedans ?
Non , je ne pense pas que tout parte du doigt d’honneur que fait la fille adolescente mais du coup de klaxon de Tony pour passer et doubler…De plus, on peut imaginer que la fille et la femme de Tony sentent sa lâcheté, sa peur et son inconsistance à gérer l’agression des 3 tarés…et que c’est pour ça qu’elles réagissent avec lucidité… Comme si elles étaient dans une réalité où Tony ne veut pas rentrer… comme ce qui se passe entre Susan et Edward…
Susan est une victime et après l’entretien avec sa mère…on voit et on comprend de suite qu’elle sera otage de l’éducation que lui donne sa mère.. qui pose, peremptoire, tu es comme moi, il est fragile, tu vas le regretter…
Bref… Des heures d’interprétation…film magnifique à tous points de vue.
Désolé mais reparler, en détails, 1 an après, d’un film que j’ai trouvé détestable… Merci pour ce point de vue en tout cas 😉
« C’est d’ailleurs ça, plus que l’avortement, que le personnage de Jake Gyllenhaal condamne. Non seulement il subit la décision de rupture de Susan, mais il n’a, en plus, pas son mot à dire dans sa possible maternité. »
Là aussi vous apportez de l’eau à mon moulin car il me semble qu’elle a quand même le droit de décider de le quitter et d’avorter…
Bien sûr mais la manière est douloureuse pour Edward, qui est pour le coup une vraie victime. Pourquoi dès lors ne retenir cet aspect que pour Susan à la fin, qui se fait poser un lapin, et l’occulter totalement pour lui ?
Mais dans ce cas pourquoi montrer que ce sont TOUJOURS les femmes qui sont à l’origine de son malheur?
Tom Ford est un grand garçon, il n’est pas idiot, il ne fait rien au hasard, son sens visuel et graphiques sont là pour en attester.
Ca me parait assez dingue de balayer tous ces éléments d’un revers de la main mais c’est pas grave, j’arrête là, on n’arrivera pas à s’entendre. Bonne soirée 😉
Pourquoi généraliser à ce point ? Ce ne sont pas LES femmes qui sont à l’origine de son malheur mais une seule, Susan. Effectivement, dans la fiction, c’est plutôt le gang, et en particulier Ray, qui est responsable de son malheur, pas du tout sa femme et sa fille. D’ailleurs, dans cette partie, on peut facilement associer Ray à Susan.
Je ne balaye pas les éléments, je les trouve juste infondés pour mener à pareille conclusion.
Quoi qu’il en soit, si on était d’accord, le débat serait moins intéressant ! 😉
Sérieusement, revoyez la scène : c’est le doigt d’honneur de la fille qui est à l’origine de tout. C’est même ce que dit Ray pour expliquer leur harcèlement, il estime qu’elle leur a manqué de respect.
Si on prend tous les éléments que je relève séparément, il n’y a rien de tendancieux en effet. Mais la conclusion que je dégage de leur addition me pose un vrai problème.
C’est bien possible, je ne conteste pas cet événement. Il n’a juste pas la portée que vous lui prêtez selon moi.
Edward utilise le roman pour décrire à Susan le parcours émotionnel qu’il a vécu et, plus généralement, la souffrance qu’elle lui a causé. Or, dans ce roman, Susan correspond à Ray. On ne le sait peut-être pas au début mais cela devient évident au fur et à mesure du récit. Du coup, je le répète, sa femme et sa fille ne sont en aucun cas responsables de son malheur pour moi. Ce n’est, en tout cas, pas ce qu’Edward veut faire passer comme message.
Mais si elle avait souri au lieu de faire un doigt d’honneur, ils ne les auraient pas violées? Elles l’auraient été dans tous les cas. Je crois plutôt que c’est votre point de vue qui est misogyne. En effet, vous pointez les femmes du doigt! Ce sont les violeurs qui violent, pas les violés. De plus, c’est dans la partie qui raconte le livre, donc de la fiction dans la fiction; vous voulez museler les écrivains pour qu’ils ne racontent que des histoires neutres, bien pensantes, insipides? J’avoue que je ne vous comprends pas.
C’est l’écrivain du film qui dit qu’elles n’auraient pas dû faire un doigt d’honneur hein, pas moi…
Euh, oui, j’avais bien compris que Susan était Ray dans le récit mais justement, il la fait s’incarner sous les traits d’un psychopathe…
Bon, encore une fois c’est pas grave, merci pour la discussion et bonne continuation au blog que je visiterai désormais 😉
Visiblement, on ne se comprend pas, ce n’est pas grave.
Bonne soirée ! 😉
Je partage bien plus votre analyse que celle de ce monsieur, que je trouve franchement ridicule. La femme est à l’origine de la rupture = misogynie. Elle aurait été noire, de surcroît, ça hurlerait au racisme. Et bien Laurent, montez un scénario où vous ferez avorter un homme, afin de rétablir une parité parfaite. Quoiqu’il en soit, merci Wolvy128 pour cette analyse, je viens de terminer ce film que j’ai beaucoup apprécié, restant néanmoins déçu du dénouement. J’y vois maintenant plus clair et en saisis mieux la symbolique.
Pas de quoi ! Content que l’analyse vous ait plu, même si le dénouement du film vous a malgré tout déçu.
Sur la partie fictionnelle, les actions des femmes entrainent la suite, mais c’est surtout la lâcheté de Tony qui est mise en avant. Il a plusieurs fois la main pour essayer de faire quelque chose, mais à chaque fois il s’écrase. C’est d’ailleurs à mon sens bien plus féministe que misogyne comme point de vue…
Suzan a une vie fade, mais je ne vois pas en quoi cela a à voir avec le fait qu’elle soit une femme et non un homme. Pour moi, le film traite de la notion de la force de caractère par rapport à la passion. Edward est dépeint comme un faible alors qu’au final, il montre qu’il a été capable de réagir et d’aller jusqu’au bout de sa passion.
Sur les flashbacks, Suzan a le droit d’avorter, mais Edward a aussi le droit d’être abattu par cette décision.
On est d’accord ! 🙂
Personne ne parle de ces femmes exposées en ouverture du film… Est-ce que Suzann se voit ainsi ? Je veux dire dans la représentation, (statut social, profession), exposée aux yeux de tous, mais non désirable (par son mari) ?
Personnellement, j’ai plutôt perçu cette exposition comme ce que Susan voudrait être : libre. Libre de faire ce qu’elle désire vraiment et pas ce que la société la pousse à faire.
Je me pose la question. Dans le présent, Suzann passe un coup de fil à une jeune femme qui se trouve à être sa fille. Cette jeune femme, est-elle réelle ? De qui est-elle ?
Pour moi oui. Je ne vois en tout cas aucune raison d’en douter. De qui elle est, en revanche, impossible de l’affirmer avec certitude. Peut-être tout simplement de son mari.
Je pense que j ai compris le film differement que vous tous. L art est la representation qu on fait des choses. et dans le film il y a le concret et l abstrait. Concretement, Susan etait mariee avec Edward, elle le quitte pour un autre, avec qui elle croit, pouvoir faire une vie plus sure et objective. Elle avorte d un enfant, dont on ne connait pas le sex, mais chose est sure , il est d Edward. Avorter, c est d abandonner un projet, de quoi ? d une vie aux depens d une autre, en quelque sorte, on se projette dans une nouvelle vie, mais en voulant une chose a tout prix, il peut resulter de ce desir, un comportement agressif qui engendrera de la Haine. On est pas conscient des consequences de nos actes, quand on fuit nos problemes. Au lieu d affronter les choses en face, on se derobe de la realite,, la realite concrete. Mais rien ne change pour autant.
D une maniere abstraite, il semble que, Susan a tuer l enfant, qui est le fruit de son amour pour Edward, son nouveau mari , hutton, est la nouvelle page vierge, qu elle veut construire, mais c est une aventure a haut risque, on ne sait pas si on va realiser une meilleur ou pire de ce qu on a vecu anterieurement, . Dans le personage de tony dans le roman, il voyage dans sa voiture , dans une route ou on peut tomber sur n importe qui et n importe quoi, comme c etait le cas, avec cette bande de criminels qui ont fini par faire obstacle a tony en l arrtetant dans son errance en plein nuit, et l ont detruit , en violant sa femme et sa fille ensuite
Mais je me pose la question, qui est Tony? Je crois que tony et susan sont une et meme personne. Edward, l auteur, a voulu faire …. a suivre,
Bonjour, moi je n’ai pas fait la même interprétation de la séquence finale. Si en premier lieu j’ai aussi pensé à la vengeance, j’ai ensuite tout de suite pensé à autre chose: il faut interpréter tout le film d’une autre manière avec ce cheval de bétail « Susan se sent très seule et pleine de regrets » et elle s’est imaginée que Edward voulait se rapprocher d’elle, le livre qu’il a écrit , il ne lui a jamais envoyé mais elle se l’ai procurée via une commande internet par exemple, à la fin quand elle regarde son portable elle s’imagine qu’il lui propose un rdv mais en réalité il n’en est rien , et donc à la séquence finale elle dîne avec sa solitude en s’imaginant avec lui, ce choix du coeur qu’elle n’a pas fait pour celui de la raison, cet amour qui a réussi à vivre son rêve et devenir un écrivain célèbre en écrivant un livre sur lui même et leur histoire et qu’elle s’est empressée d’acheter ( notamment en voyant le titre du livre) car elle pense tjrs à lui mais n’a pas le courage de lui reparler , rongée par la honte de ce qu’elle lui a fait et de ce qu’est devenu sa vie. Qu’en Pensez vous ??
Bonjour ! En ce qui me concerne, je n’adhère pas particulièrement à votre interprétation car je trouve qu’elle se base sur beaucoup de suppositions que le film ne suggère pas spécialement. Même si le récit laisse place à pas mal de zones d’ombre, je pense qu’il faut tout de même rester dans le cadre de réflexion de l’histoire, sinon on peut toujours partir dans tous les sens pour chaque film un peu ouvert. Mais ce n’est que mon avis, chacun est libre de l’interpréter comme il le souhaite en définitive. 🙂
je voudrai juste ajouter qu’au début on voit Edward décrire la mère de Susan, qui était impliquer dans la séparation du couple, et dans le roman on voit aussi que les agresseurs sont des texans, et je me dis qui d’autre pourrait représenter le mieux la mère de Susan, et puis mon interprétation (je vais y’aller très vite)
premièrement edward fait la projection de l’histoire réel sur son roman, en passant un message a la fin du roman comme dans la vie réel, qui est la suivante
tu était ma femme ta mére me voyait comme faible (les agresseurs) elle m’as enlever ma femme et ma fille je me suis venger avec l’aide du nouveau moi qui n’est pas faible du tout en écrivant un roman (le shérif c’est le coté fort de edward il va mourir parce que tout comme edward le faible a la fin avec son propre flingue parce que c’est lui qui décide finalement de ne pas venir au résto) voila finalement edward le faible dans le roman meure et le fort est mourant tout comme edward dans la vrai vie il n’est pas venu au resto pour dire qu’il n’est plus faible, mais son coté fort est mourant par la douleur que sa femme lui a laisser a vivre avec
bon je ne suis pas comme vous les gars je m’exprime pas bien je suis pas français mais j’éspére que vous avez capté
Bonjour,
Wolvy128, merci pour ce billet très intéressant.
Voici mon interprétation entièrement personnelle (je n’ai pas lu le livre dont le film est tiré):
une partie du film correspond aux songes de l’héroïne pendant qu’elle dort
(elle pense qu’elle ne dort pas, mais en fait elle est tellement dépressive qu’elle ne fait plus la différence entre rêve et réalité).
– elle ne reçoit pas réellement le manuscrit, mais elle rêve qu’elle reçoit/lit le récit
– elle appelle sa fille par téléphone, mais sa fille n’existe pas puisqu’elle a en réalité avorté d’elle
– idem pour le coup de fil du rendez-vous pour dîner avec son ex-mari…
En résumé, elle rêve de ce que sa vie aurait été si elle n’avait pas été lâche (trop réaliste) durant sa jeunesse.
Elle aurait pu lire son roman, avoir un mari qui l’aime vraiment, une fille…
le final, c’est le retour a la réalité: son ex-mari ne viendra pas diner avec elle! Pour quelle raison ?
Parce que son ex-mari s’est suicidé depuis longtemps, rongé par le chagrin de leur séparation, du manque de confiance de celle qui comptait le plus à ses yeux et encore plus de la perte de son enfant (comme le suicide du héro du livre).
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour Zibfr ! Je pense qu’il y a beaucoup trop de suppositions, ou d’interprétations non fondées, que pour que cela tienne la route. Mais chacun est libre d’interpréter le film comme il le souhaite en définitive.
Plutôt d’accord avec vous. La fille de Susan est je pense la clé du film puisqu’elle ne peut exister. Elle est la preuve qu’une partie de l’histoire se fait donc en dehors de la réalité ( du roman, de ses souvenirs ou de sa vie actuelle).
bonjour,
comme vous je n’ai pas lu le livre. Je ne me base que sur le film
Même si l’interprétation de wolvy128 me semble très cohérente, je ne peux m’empêcher de penser au suicide d’Edward. Mais contrairement à vous, je la situerai bien plus loin chronologiquement.
plus loin pour au moins une raison : l’âge de la fille de Tony dans la fiction qui à pour moi serait approximativement l’âge qu’aurait dû avoir son enfant avorté (ils ne se sont pas revu depuis 19 ans).
Âge qui me fait d’ailleurs penser à l’âge de la fille de Susan à qui elle téléphone qui est à mon sens à peu près dans les mêmes eaux. Pour moi cette fille sort de son imagination et ce qui me le fait penser le plus est la similarité entre la vue de dos de la fille de Tony sur le canapé rouge et celle de sa fille endormie avant qu’elle ne réponde. (je n’ai pas vérifié mais je soupçonnerai même le réalisateur d’avoir utiliser les même actrices pour les deux filles).
pour moi Edward, abattu par cette rupture, ronger de chagrin de n’avoir pu connaitre son enfant, à bien envoyé le manuscrit à Susan mais dans un geste d’ultime adieu. Il montre à Susan qu’il s’identifie à Tony en le montrant comme lâche et peureux au début de l’histoire, mais s’affirme en insistant sur le fait qu’il veut connaitre leurs dernières paroles, savoir comment il les a tuées, savoir à quel point elles ont souffert… pour enfin se faire justice soit même.
Pour lui Susan à deux casquettes : la première est celle de la femme de Tony avec qui il part s’installer avec sa fille à plusieurs heures de route pour la vie qu’il aurait voulu, la deuxième est celle de Ray, celui qui lui a ôté cette chance sans qu’il n’y puisse rien faire.
Je pense qu’il a attendu d’être sûr qu’elle est fini de lire l’histoire, sachant qu’elle voudrait en parler vu qu’elle avait déjà tenté de renouer des liens 3 ans auparavant (il lui aurait raccroché au nez), pour en finir. Sa non présence au dîner me le fait penser en tout cas.
Je m’excuse par avance car je rédige se texte à chaud, je me rends compte qu’il part un peu dans tous les sens mais j’espère que mon point de vue reste à peu près compréhensible.
de même, qu’en pensez vous ?
Bonjour,
J’ai beaucoup aimé votre analyse. Elle me parait la plus objective et la plus fondée au regard des éléments concrets sur lesquels elle est basée.
Nous sommes tous tentés à donner des ailes à notre imagination et sublimer encore plus nos interprétations mais la réalité est souvent plus simple à regarder.
Il est vrai que l’interprétation la plus simple est parfois la meilleure. Dans le cas de Nocturnal Animals, je trouve que c’est surtout dans les détails que le film est intéressant à analyser car beaucoup de scènes semblant anodines au départ ont, en fait, une vraie raison d’être.
J’ai partagé votre analyse et elle a fait le bonheur de pas mal de gens autour de moi. Encore merci.
J’en suis ravi, merci pour cet agréable retour !
Très bonne analyse, comme toujours d’ailleurs. Mais j’aurai une question: que devient l’enqueteur (bien que le personnage soit une fiction..) ?
Le personnage étant mourant, son avenir me paraît assez clair. 😉
Et bien belle interprétation, c’est celle que j’ai trouvé dont je me sens le plus proche. Notamment j’ai vu dans les commentaires que vous parliez du parallèle entre Ray et Susan qui souvent passe à la trappe (ou alors Ray est associé à Hutton). C’est juste sur l’interprétation de l’état d’esprit d’Edward à la fin que mon avis diverge un peu. La façon qu’il a de faire mourir Tony dans le livre me laisse plutôt penser qu’il est conscient de s’être fait détruire par toute cette histoire et que même après avoir obtenu vengeance il en sortira plus détruit encore. Je n’ai pas l’impression qu’il est réussi à dépasser sa faiblesse puisqu’à la fin il n’a pas le courage de se confronter à Susan dans la réalité.
Si ça vous intéresse j’ai dédié une vidéo à l’interprétation du film où je m’attarde entre autres sur les détails qui rapprochent Susan de Ray : https://youtu.be/KqeOXhygc0w
Bonsoir , je vous remercie pour votre analyse. Pour ma part si j’ai adoré esthétiquement les images, j’ai été horrifié par le récit du roman et donc terriblement mal a l’aise. Entré dans le drame de Tony, je me suis moins intéressé au vide de la vie de Susan. et pour être honnête c’est la partie « roman » que j’ai retenu en mémoire.
Votre analyse sur le besoin de créer est intéressante puisque je suis moi même un créatif. Je n’en ai accepté les affres que tardivement et malgré après de longues années de consumérisme dont Tom Ford a largement bénéficié lol. C’est devenue vital, au détriment du confort matériel de ma vie, mais tellement plus enrichissant du point de vu personnel.
A l’heure du vide de la notoriété a tout prix, se réaliser sois même est la quête la plus ambitieuse et certainement la plus douloureuse. vous avez raison quand vous dite que les artistes ne parlent que d’eux même, cela a aussi un rapport avec l’histoire personnel de Tom Ford qui en 2004 limogé de Gucci Group a connu les doutes et le besoin de se réinventé en tant que créateur.
Bref merci pour votre développement, je me remémore le film sous un autre angle, tout aussi violant mais moins terrifiant.
Pierre Salor
Bonjour, et merci pour votre retour, content de voir que l’article vous a intéressé. Comme vous, c’est également la partie « roman » qui m’a pris aux tripes. C’est grâce à elle que la vie insipide de Susan prend tout son sens. Je rejoins également le parallèle que vous faites avec Tom Ford, le film peut tout à fait se lire de cette façon. Je comprends qu’il vous ait marqué si vous êtes vous-même un artiste.
Bonjour
Pour ma part
Je pense que Edward à écrit une fiction s inspirant de la relation avec son ex femme.
Je viens de voir ce film que j’ai beaucoup aimé. Concernant la scène finale il peut en effet s’agir de vengeance. Mais elle pourrait être bien plus cruelle que de l’abandonner à sa propre vie. Ajouter la culpabilité du suicide l’Edward. On peut penser qu’elle pense à ça à la table du restaurant. Edward s’est en effet donné la mort dans le livre, il peut l’avoir également fait dans la vie par soiffrance et par vengeance…
Difficile de nier que l’on cherche un sens à cette fin, que l’on veut des réponses. Mais bien sûr les réponses que l’on cherche ne sont en réalités que les réponses que l’on pourrait attendre dans un «tel» film. Le parallèle entre les histoires est indéniable, ainsi que la souffrance violement ressenti par ces 2 rôles de Jake Gyllenhaal. Mais on s’extirpe facilement de cette envie trop souvent assouvie, pour mieux se pencher vers son propre ressenti.
C’est une oeuvre, qu’elle soit roman ou film. Et à ce titre elle nous renvoie à nos questions, aux réponses que l’on y apporte, aux interprétations qu’on accepte, et à celles que l’on refuse.
La temporalité n’ayant d’importance ni dans le film ni dans mon commentaire, j’argumenterais en rappelant qu’un réalisateur dose lui même les clés de son récits, et qu’aucune conclusion n’est juste, si ce n’est la sienne. Laquelle d’ailleurs n’a pas d’importance non plus, l’oeuvre étant terminée, et livrée au public.
Personnellement, je suis bluffé par Amy Adams, par son jeu, ainsi que par celui de tous les acteurs du film, même Armie Hammer. D’autres le seront par la violence crue, ou par l’avortement, ou par les paysage…
C’est un grand film en cela qu’il nous provoque, sans nous déranger (à mon sens). Les «clés» du récits sont présentées, mais pas imposées. Le style dans la réalisation est là, sans prendre le pas sur la narration, bien au contraire. Quand au fond, au message, ou à la morale de cette histoire, je crois sincèrement que le mot introspection correspond beaucoup plus que limpidité.
Comme disait un grand penseur : «si tu as la réponse, c’est que j’ai mal posé la question.» (chuck norris?) Bonne continuation.
En décrivant la mort accidentelle de Tony, Edward tire un trait définitif sur son passé tout entier contenu dans le roman. La Susan qu’il a connu n’existe plus et Il n’a aucune raison de se rendre à ce dernier rendez-vous. Sa colère et son désespoir ont alimenté son roman tout en se consumant. Il s’est affranchi de sa peur de décevoir Susan et de la perdre car son roman est une formidable réussite. Enfin libéré, Edward peut maintenant passer à autre chose. Quelle thérapie! Pour Susan, il est grand temps d’aller voir un psy…