Retour aujourd’hui sur It Follows, un film d’horreur américain qui, faute d’une distribution chaotique en Belgique, m’a complètement échappé en salle. Il m’a donc fallu attendre sa sortie en vidéo début du mois pour pouvoir le découvrir. Réalisé par David Robert Mitchell, le film raconte l’histoire de Jay (Maika Monroe), une adolescente qui, après une expérience sexuelle apparemment anodine, se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’inextricable impression que quelqu’un, ou quelque chose, la suit. Abasourdis, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à la menace qui semble les rattraper.
Ceux qui me lisent régulièrement le savent, je ne suis vraiment pas un adepte de films d’horreur. Un genre qui, indépendamment d’un éventuel caractère fantastique, me déçoit souvent par son manque de réalisme et de cohérence. Deux éléments qui me semblent personnellement indispensables pour captiver et véhiculer des émotions. Néanmoins, je dois avouer que j’ai été particulièrement séduit par It Follows, qui parvient justement à réunir ces deux qualités, et bien d’autres encore.
L’histoire est d’une simplicité folle mais l’originalité et l’efficacité du traitement confèrent au long-métrage une atmosphère angoissante de la première à la dernière minute. Il faut dire que le réalisateur fait le choix d’ancrer son récit dans la réalité et amplifie du coup considérablement sa puissance. Même si l’époque n’est jamais clairement précisée, tout un chacun peut effectivement s’identifier à l’environnement et aux personnages. De la même façon que tout un chacun peut également s’identifier à la peur primaire qui assaille l’héroïne, celle d’être suivi. Le concept est basique mais le traitement est redoutable d’efficacité. Surtout que David Robert Mitchell s’approprie avec brio les codes du genre pour les revisiter, ou carrément les déjouer. Plus question ici par exemple de groupe de jeunes qui diminue progressivement au fur et à mesure que l’histoire avance. Ou de scènes de plus en plus en gores au fur et à mesure que l’étau se resserre sur les protagonistes. L’ensemble est élégant et formidablement mis en scène, la réalisation amorçant et désamorçant continuellement la tension à coup de travellings et panoramiques. Il en découle une impression de calme oppressant presque permanent, de beauté onirique cruellement funeste.
Par son approche d’auteur, le réalisateur apporte au genre un vrai renouveau et réinvente l’horreur tel qu’on a l’habitude de la voir au cinéma. Mais les qualités du long-métrage ne se limitent pas à la forme puisque le fond s’avère, lui aussi, particulièrement captivant. En se concentrant exclusivement sur un groupe de jeunes (les adultes sont complètement absents du récit), l’histoire aborde inévitablement le thème du passage à l’âge adulte et engage une réflexion intéressante sur une jeunesse américaine livrée à elle-même. Notamment sur son rapport à la sexualité, la malédiction (ou virus) frappant le personnage se transmettant par le sexe et s’en allant également par le sexe. La part de mystère qui entoure cette malédiction participe d’ailleurs grandement au côté flippant du film. Le cinéaste livre en effet suffisamment d’informations que pour nous intriguer mais n’en dévoile pas trop que pour annihiler toute angoisse. L’équilibre est tout simplement parfait ! Il joue aussi habilement avec les différents points de vue (spectateur, héroïne, amis) pour susciter la peur, en profitant par exemple du fait que seul l’héroïne perçoit son harceleur. Côté casting, la jeune Maika Monroe livre une prestation convaincante, l’actrice parvenant à rendre son personnage attachant et crédible. Enfin, la bande son électronique est efficace et renforce admirablement bien les émotions que le film cherche à véhiculer.
En définitive, It Follows se révèle donc être une excellente surprise. Porté par une mise en scène élégante et ingénieuse, le film fascine autant qu’il n’effraie et redore le blason d’un genre complètement en perdition. Certainement le meilleur film d’horreur de l’année, et l’un des meilleurs de ces dernières années.
Je fus plutôt déçu par le film. Je m’explique: ce qui ne m’as pas plu était surtout ces longueurs entre les scènes où la créature fait son apparition. On voit en permanence le groupe d’adolescent s’ennuyer, comme lorsqu’ils sont a la plage, ou attendant a la piscine la venue de cet « être » mystérieux. De plus, on constate en effet que les parents sont totalement absent du long-métrages, ce qui m’a particulièrement agacé. Pourquoi une mère se ferait du soucis pour sa fille qui part quelques jours on-ne-sait-où sans prévenir? Je rajouterai a cela la fin, très facile, voire trop simple; et une autre chose qui m’a titillé: cette piscine municipal a l’abandon, pourtant en très bonne état, avec une eau tout a fait propre, ouverte a tout le monde. Certes elle offre la plus belle scène du film (à mon goût) mais j’ai trouvé cela trop facile au niveau du scénario. Bref, je dois tout de même avouer que ce film m’a plus sur deux points très important: la musique, excellente, et la scène de la piscine vers la fin.
On ne lésine pas sur les précautions pour des lieux publics comme les piscines. Il y en a régulièrement qui ferment (temporairement ou définitivement) pour diverses raisons, donc ce n’est vraiment pas une facilité pour moi. Bloquer là-dessus me semble un peu excessif. Pour le reste, les points qui vous gênent (adultes peu ou pas présents, ennui…) participent totalement au message du film et à la vision que le réalisateur souhaite véhiculer, du coup je les trouve assez indispensables personnellement.
Bref, je comprends vos réserves mais je ne les partage pas. 😉
Un de mes claques de cette année ! Chouette chronique, après je dirais pas qu’il « réinvente » le genre – il pique beaucoup à John Carpenter – mais il capture quelque chose d’old school pour en faire quelque chose, comme tu le dis, de captivant, de fascinant. Wow !
C’est sûr qu’il y a quelques inspirations et références mais je trouve néanmoins que le film dispose d’une vraie originalité et d’une véritable patte. C’est pourquoi je me suis risqué à parler de « réinvention ».
Un film que j’ai trouvé passionnant mais dont la fin m’a semblé très paresseuse ! J’ai au final été déçu par le clap de fin en cul de sac, expéditif et sans génie. En comparaison, pour le côté horrifique et beau, je préfère cent fois revoir « All the boys love Mandy Lane » !
J’ai globalement le même ressenti sur la fin, que j’aurai souhaitée plus audacieuse, mais elle n’est pas inintéressante non plus je trouve. En tout cas, elle n’a pas influencé mon appréciation du film. Pas spécialement aimé All the boys love Mandy Lane sinon, ça reprend trop de trucs qui me gênent dans les films d’horreur.