Je reviens aujourd’hui sur un film dont j’avais vaguement entendu parler lors de sa sortie américaine il y a un mois, et que j’ai découvert il y a quelques jours. Il s’agit de Comet, un drame romantique de Sam Esmail avec Justin Long (Dell) et Emmy Rossum (Kimberly) dans les rôles principaux. L’histoire raconte la rencontre dans un célèbre cimetière hollywoodien entre le névrosé Dell et la nerveuse Kimberly. Une rencontre qui constitue le point de départ d’une tumultueuse relation amoureuse de 6 ans. Une montagne russe émotionnelle, entre Paris et New York, jusqu’aux collines d’Hollywood.
Ceux qui me lisent régulièrement le savent, j’apprécie tout spécialement de revenir de temps à autre sur des films méconnus du grand public qui méritent selon moi le coup d’œil. C’est l’une des principales libertés qu’offre un blog, comparé aux magazines ou aux journaux qui sont obligés de coller un minimum à l’actu, et j’entends bien en profiter aujourd’hui avec cette romance atypique qui ne sortira probablement jamais chez nous.
Principalement attiré au départ par ce film pour la présence au casting de la magnifique, et non moins talentueuse, Emmy Rossum, je dois dire que j’ai été particulièrement séduit par le résultat. Non seulement les personnages et les dialogues sont incroyablement bien écrits, mais il se dégage aussi de l’ensemble de l’œuvre une belle authenticité. L’ambiance est poétique et la relation que Dell et Kimberly entretiennent est empreinte d’un réalisme extrêmement touchant. Le genre de réalisme sans concession qui fait immédiatement écho à notre propre vie/quotidien. Concrètement, le long-métrage s’attache à décrire quelques moments importants, heureux ou malheureux, de la vie d’un couple pendant 6 ans. Tout au long de l’histoire, on suit donc les personnages dans plusieurs lieux distincts : un cimetière, un train, un hôtel parisien, une relation à distance et enfin un appartement. La particularité de la narration étant qu’elle jongle continuellement entre les différents segments, ce qui pousse inévitablement le spectateur à s’interroger et renforce ainsi considérablement l’implication dans le film. Dans quel ordre les différents événements se produisent-ils? Sont-ils présentés selon le point de vue d’un seul personnage ou de plusieurs? S’agit-il de souvenirs du passé ou de souhaits pour l’avenir? Et finalement, tout cela est-il seulement réel? Autant de questions qui trouvent progressivement une réponse au fur et à mesure de l’évolution du récit. Jusqu’au plan final qui conclut magistralement le film.
Mais au-delà de l’investissement dans le récit, le procédé de narration suscite également une réflexion intéressante autour des choix, aussi anodins soient-ils, et de leurs conséquences. Une réflexion pas forcément originale, certes, mais assez révélatrice dès lors que quelques événements spécifiques sont ciblés. A ce titre, le personnage de Dell s’avère d’ailleurs excessivement dense et complexe, et sa trajectoire au fil des différents épisodes se révèle particulièrement émouvante. Il faut d’ailleurs souligner que malgré l’aspect réflexif du film, celui-ci ne néglige vraiment pas l’émotion et offre quelques séquences de grâce absolue. En témoigne la superbe scène dans le train où le temps semble littéralement suspendu. Une émotion que l’on doit évidemment à la richesse du scénario mais aussi, et surtout, à la magnifique performance de Justin Long et Emmy Rossum. Le premier s’approprie effectivement avec brio un personnage diablement intelligent, au débit de parole élevé et à la sociabilité difficile. Tandis que la seconde rayonne dans la peau d’une jeune femme charmante, séduisante, mais aussi farfelue et un peu parano. Le mélange des deux offre un cocktail aussi merveilleux qu’addictif. Enfin, pour un premier long-métrage, Sam Esmail propose une approche visuelle originale, basée sur des cadrages peu courants (personnages au bord du cadre) et sur une utilisation intéressante de la lumière. Il en découle une image très attractive visuellement, accompagnée d’une jolie bande son mélancolique.
Pour toutes ces raisons, Comet s’affirme donc comme un des meilleurs drames romantiques de ces dernières années. Porté par un duo d’acteurs impeccable, le film peut s’appuyer sur une narration ambitieuse et un scénario incroyablement riche pour emporter le spectateur dans une histoire d’amour atypique, drôle, tragique et émouvante. Le genre d’histoire dont la portée des émotions et des dialogues résonne encore bien des heures après l’apparition du générique final.
Ajouté sur ma liste, je reviendrai donc vers toi prochainement. En tout cas revoir Justin Long après son rôle dans le très joli Best Man Down me présage de bons signes.
Effectivement ! Sans compter qu’il partage l’affiche avec Emmy Rossum, incroyable dans la série Shameless et malheureusement un peu trop rare à mon goût au cinéma (oui j’adore cette actrice 🙂 ). En tout cas, j’ai eu un vrai coup de cœur pour ce film, j’espère qu’il te plaira car c’est un peu quitte ou double avec ce genre de projet.
Hello Wolvy, donc j’ai bien vu le film hier soir et j’ai franchement bien aimé ! C’est encore une belle découverte, merci pour cela.
Côté acteurs donc, comprenant tes goûts au fil de tes articles, je comprends parfaitement tes ressentis envers Emmy Rossum et son jeu d’actrice (dont je me rappelle avoir vue dans le film DragonBall Evolution mais bon, sa prestation n’était pas la plus médiocre du film..).
Pour ma part, je ne partage pas ce même coup de coeur mais il est vrai qu’elle est remarquable dans le film, surtout lorsqu’on la voit avec son sourire dévoilant pleins d’émotions.
Je n’ai pas su pleinement m’attacher à elle et au couple en général, ceci est dû à leur personnalité et les délires qu’ils ont entre eux, toutefois j’ai trouvé que les retournements de situation étaient vraiment bien trouvés et qu’ils rendent les personnages particulièrement émouvants.
En tout cas leur événements type du quotidien sont particulièrement bien écris sur toute la longévité des dialogues et j’adore l’esprit d’ascension entre le début et la fin, le film ne fait pas tout à la légèreté et le visuel et la musique prennent une part importante dans l’intensité du récit, jusqu’à la fin qu’on peut dire originale.
Je ne suis pas un expert en comédie romantique mais le réalisateur réussit à caser des clichés inévitables avec une vision poussée et surtout subtile. Surtout que le coupage du récit est très bien calculé entre les indications dans les réminiscences/rêves ainsi que dans la réalité.
Sinon, penses-tu que Dell réussisse à la reprendre à la fin ? D’après ce que j’ai compris, sa prévisualisation dans son rêve est qu’il reparte avec elle à la fin sauf que du coup le plan final n’assure pas cela. (en espérant que les scènes « réelles » ne soient pas aussi un rêve)
J’ai également aperçu que le film semble jouer sur plusieurs métaphores, comme la comète qui se propage à la durée de sa relation, montrant que sa relation est incroyablement rapide et intense et qu’il a véritablement manqué de prouver son amour. Lorsqu’il regarde le soleil, on a l’impression qu’il a un déclic et qu’il sent devoir faire sa décision finale, avec la remontée qui peut finalement vouloir signifier son retour avec sa bien-aimée.
Enfin, pour l’instant c’est comme ça que je perçois tout ça.
Dis moi ce que tu en penses ! 🙂
Salut Kazura, content que le film t’ait plu malgré tes quelques réserves. 😉
Il est vrai que Dragonball Evolution n’est certainement pas une bonne référence pour se faire une idée sur Emmy Rossum. Personnellement, je l’avais découverte quelques années plus tôt dans Le Jour d’Après et, malgré son petit rôle, j’ai eu un coup de cœur presque immédiat pour cette actrice. Ce qui m’a poussé par la suite à suivre d’un œil l’évolution de sa carrière. Malheureusement, au cinéma, elle n’a pas (encore) véritablement réussi à percer, malgré une performance saluée dans Le Fantôme de l’Opéra, juste après Le Jour d’Après. Pas par faute de talent selon moi, mais plutôt par quelques mauvais choix de film (Poséidon, Dragonball Evolution et Sublimes Créatures notamment). Néanmoins, la série Shameless l’a un peu remise au goût du jour en lui permettant d’exprimer toute l’étendue de son talent dans un rôle complexe et intense.
Pour en revenir à Comet, je comprends très bien le manque d’attachement que tu évoques concernant le couple. Il faut pouvoir embarquer directement avec eux pour vivre le film pleinement. Et l’écriture des personnages est telle que cela peut parfois être compliqué. En même temps, je doute qu’il y ait une recette miracle permettant d’accrocher tous les spectateurs. Comme tout drame romantique, je pense que chaque personne se projette un peu dans l’histoire en fonction de ses propres expériences. Du coup, le ressenti peut être assez variable. C’est aussi cela la beauté du cinéma. Personnellement, j’ai trouvé que la vision du couple proposée était extrêmement moderne et ne s’embarrassait pas des clichés habituels. Certains sont bien sûr inévitables mais il y a une vraie intelligence dans la description de la relation et les problèmes que le couple rencontre je trouve.
Concernant la fin, c’est assez difficile de te répondre car je pense que beaucoup d’interprétations se valent et dépendent finalement du ressenti de chacun. Ce qui témoigne encore je crois de l’intelligence du scénario, notamment dans sa construction. En effet, au départ, il s’agit simplement de remettre les pièces du puzzle dans l’ordre. Par la suite, l’expérience de rêve expliquée par Dell implique un doute quant à la réalité d’un ou plusieurs événements relatés. Enfin, un nouveau doute est permis lorsque Kim évoque dans l’appartement la possibilité qu’elle ne sauve pas Dell dans le cimetière, et que tout ce qui suit pour lui est donc une expérience cérébrale post-mortem. Pour moi, toutes les options sont valables et le film est tout aussi puissant émotionnellement quelque soit l’interprétation que l’on choisit d’adopter.
Toutefois, si tu veux connaître mon avis, je pense pour ma part qu’il y a tout de même une explication qui se dégage des autres. Pour moi, l’ensemble du film se déroule dans l’appartement final. L’ouverture du film montre d’ailleurs Dell sur le palier, se préparant à revoir Kimberly. Les différents événements présentés ensuite décrivent les moments rêvés par Dell. D’où le fait que les séquences s’entremêlent et voyagent constamment entre différentes périodes du temps. Mais tous ces épisodes rêvés sont bien réels, il ne s’agit en fait que de souvenirs. Enfin tous, sauf un. La rencontre à laquelle on assiste n’a en effet jamais eu lieu autre part que dans le rêve de Dell. C’est d’ailleurs ce qui le pousse à la revoir pour tenter de recoller les morceaux. Et la rencontre est bien réelle selon moi, il ne s’agit pas d’un nouveau rêve comme le suggère le personnage d’Emmy Rossum. Quant à l’issue, tout est possible. J’ai personnellement envie de croire qu’il la récupère bel et bien après le baiser, mais vu la situation de Kim (fiancée, enceinte…), j’ai peur que cela ne suffise pas. Ce qui collerait avec le thème des actes manqués développé tout au long du film. La fin qui voit le personnage attendre précisément une minute avant de se lancer est en tout cas magistrale je trouve. Tout comme l’idée de clôturer le film pile au moment où le rêve de Dell s’est arrêté, de façon à ce que chacun puisse se prononcer en fonction de son propre ressenti.
A mon avis, elle réussira sans trop de mal à trouver le film qui lui convient même si ça peut rapidement venir comme ça peut être long. A 28 ans elle s’en sort déjà bien en tout cas. Maintenant que je regarde sa filmographie, elle apparaît dans Mystic River, je ne l’avais absolument pas reconnue ! Au cas où tu ne l’aurais pas vu, c’est un très bon thriller de Clint Eastwood et c’est vrai que pour le peu qu’on la voit dedans elle est très juste dans son rôle.
J’essaierai à l’occasion de regarder Shameless, histoire de voir ce qu’elle donne dedans.
Sinon, c’est en effet comme ton interprétation que je voyais le film. Ca peut peu vite porter confusion de parler de « souvenirs » lorsqu’ils parlent de rêves en même temps alors qu’il est dans la réalité mais, pour avoir revu en rapide revue les scènes, on recolle sans trop de difficulté les différentes parties. En tout cas ce serait intéressant de voir d’autres retours avec d’autres interprétations, s’il y a vraiment.
La scène finale est effectivement très bien pensée, c’est du rarement vu pour ce genre de films.
Et également, puisque je me rends compte ne pas l’avoir précisé, ta critique est très bonne et toujours aussi bien écrite ! 😉
J’ai bien vu Mystic River mais comme toi, je ne l’avais pas reconnue à l’époque. Il faudra d’ailleurs que je le revisionne ce film, ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu.
Merci pour le compliment sur la critique en tout cas, ça me fait très plaisir. D’autant plus que j’ai mis un peu plus de temps à l’écrire que les autres. Je voulais absolument aborder pas mal de thématiques (casting, scénario, mise en scène, ressenti, rapport au film…) sans faire pour autant un article interminable. Du coup, on était plus proche de l’heure d’écriture (peut-être même plus d’ailleurs) alors que d’autres sont parfois terminées en 30 minutes à peine. 😉
Salut !
La fin du film m’a donnée envie d’aller voir sur internet le ressenti des gens, et j’en suis pas déçu !
Je suis assez d’accord avec tout ce qui a été dit mis a part quelques points qui n’engage que moi !
Je suis tombé sous le charme du « couple » présenté dans le film, dès le début, mais c’est surement du a l’identification que j’ai pu avoir.
Concernant maintenant la fin du film, il est clair qu’elle est faite de façon à nous laisser imaginer la suite « comme un tableau le ferait » (si vous voyez ce que j’veux dire) mais je pense que certaines sont plus plausible que d’autres.
Pour ma part j’aime cette interprétation (car je veux y croire): Elle lui a dit qu’elle était enceinte et ça sera le mensonge du début de leur relation comme dans le passé, pour repartir de plus belle, d’où son « Dell… » interrompu à la fin, elle voulait peut-être se confesser (?) suite à quoi il l’embrasse ayant compris de lui même(?) Possible qu’elle ait menti sur toute sa relation avec Jack et qu’en fait elle ait rompu avec lui récemment avec Dell en sujet principal, préparant ses affaires pour déménager, et la raison pour laquelle elle ne porterait plus sa bague ?
En tout cas je ne veux pas croire que la fin soit aussi simple que « elle est enceinte de Jack, ils se séparent à tout jamais », impossible.
Bonjour Pete, et merci de vous être arrêté quelques minutes ici. C’est toujours agréable de constater que même ce genre de petit film confidentiel parvient à être vu et apprécié.
La fin du film est effectivement assez ouverte et laisse place à pas mal d’interprétations. S’agissant d’une critique, je n’ai pas spécialement dégager d’explication mais votre vision est plutôt intéressante.
Bonsoir, je viens de regarder le film, j’ai adoré. De très beaux passages du couple très réalistes qui m’ont notamment fait pensé à la fameuse trilogie Before Sunset, Before Sunrise, Before Midnight.
Mais là où je ne vous rejoins pas, c’est que cette fin de film se déroule pour moi entièrement dans un rêve, c’est ce qui m’a énormément frustré.
En effet, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais que ce soit dans le train à un passage ou à cette derniere minute de film, deux soleils apparaissent très clairement. C’est l’indice que je me suis fixé dans le film pour savoir quand il s’agissait d’un rêve ou non…
Et les deux soleils se lèvent à cette dernière minute de silence.
Du coup… Est ce que tout le film ne serait pas un rêve finalement?
Je suis perdu.
Bonjour, je n’ai vu le film qu’une seule fois, et je ne me souviens absolument pas du détail que vous évoquez, je ne peux donc rien affirmer avec conviction. Désolé. Néanmoins, l’interprétation que j’ai avancée dans les commentaires précédents me semblait pertinente sur le coup. Si je le revois prochainement, je garderai à l’esprit votre analyse. 😉