Près de 15 ans après l’incroyable Gladiator, Ridley Scott revient cette année au péplum avec Exodus – Gods and Kings, une nouvelle vision épique de la vie de Moïse. Pour l’occasion, le réalisateur britannique a fait appel au génial et talentueux Christian Bale pour incarner la célèbre figure biblique, tandis que Joel Edgerton s’est vu confier le rôle de son frère Ramsès. Pour rappel, l’histoire se déroule en 1300 avant J-C. Moïse se dresse contre le pharaon Ramsès, qui retient les hébreux en esclavage, et guide son peuple hors d’Égypte pour échapper à la colère de Dieu.
Sans forcément constituer une véritable attente, Exodus avait tout de même sur le papier de quoi attirer méchamment ma curiosité. D’une part grâce à sa tête d’affiche car Christian Bale est un acteur que j’aime beaucoup. Et d’autre part grâce à son réalisateur car il faut tout de même reconnaître que c’est assez réjouissant de voir revenir Ridley Scott à un genre qu’il a si bien maîtrisé il y a quelques années, et qui lui a d’ailleurs offert une belle renommée internationale (si tant est bien sûr qu’il en ait besoin). Malheureusement, le résultat est finalement plutôt décevant puisque si l’aspect technique et visuel du film s’avère une franche réussite, le scénario souffre quant à lui d’un manque cruel d’épaisseur. L’écriture des personnages est effectivement on ne peut plus rudimentaire, et la relation entre Moïse et Ramsès est clairement sous-exploitée, alors qu’elle constitue pourtant pour moi le cœur du récit. Et que dire du découpage qui paraît parfois assez grossier en passant brutalement d’un moment à un autre, ou en survolant rapidement certaines étapes importantes du parcours de Moïse.
Du coup, le rythme du long-métrage s’en ressent fortement et, combiné aux nombreuses faiblesses scénaristiques, annihile quasiment toute forme d’émotion. Ce qui est particulièrement dommage car, je le répète, le film a pourtant tout pour lui sur le plan technique : une photographie somptueuse, une belle mise en scène et une BO discrète mais efficace. Qui plus est, les deux acteurs principaux sont parfaitement à la hauteur dans la mesure où Christian Bale est, comme à son habitude, toujours aussi charismatique et investi, tandis que Joel Edgerton se montre plutôt convaincant dans la peau de Ramsès. Pas aidé par un script avare en développement, l’acteur australien parvient en effet à faire exister son personnage et ne démérite absolument pas face à son partenaire. Tout le contraire des seconds rôles (Ben Kingsley, Aaron Paul et Sigourney Weaver entre autres) dont les personnages ne bénéficient malheureusement pas d’une écriture suffisamment consistante que pour leur permettre de sortir du lot. Ainsi, malgré toute leur bonne volonté, la sauce ne prend jamais vraiment et le souffle épique qui aurait pu définitivement emporter le spectateur n’arrive finalement jamais.
Plus qu’un échec, Exodus – Gods and Kings est donc surtout une véritable déception. Techniquement superbe, le film pêche par un scénario manquant nettement d’épaisseur et par un découpage pour le moins hasardeux. Il en découle du coup une œuvre magnifique sur le plan formel mais totalement dénuée d’émotion. Dommage !
Ce genre de film c’est tellement casse gueule a faire, ya un gros casting mais ca me tente vraiment pas du tout, ca a l’air trop classique. C’est surement magnifique mais bon ya que pas ca pour faire un film :D, déja son dernier film Cartel est l’un des plus gros navet malgré un casting de folie bref ca sent la fin de carrière pour ce grand réalisateur.
Je suis moins catégorique que toi sur la carrière de Ridley Scott mais je te rejoins en tout cas sur Cartel qui m’avait passablement ennuyé.
Les avis sont tellement contrastés sur ce film… ça me donne encore plus envie de le découvrir ^^
L’idéal est quand même toujours de se faire sa propre opinion. Je t’encourage donc à le découvrir s’il te tente, même si je ne le recommande pas spécialement après coup. 😉
J’avoue ne pas être en phase avec tes ressentis car justement je l’ai trouvé très bon cet Exodus.
Déjà, l’année dernière, j’étais tellement émerveillé par Cartel, un brin long c’est sûr, mais tellement noir et malsain dans son ambiance. J’ai vraiment été pris par la descente aux enfers que nous offre Michael Fassbender. Pour te dire, après m’être procuré le blu-ray j’ai regardé les 3 heures de making-of par Ridley Scott et j’ai été fasciné par la façon dont il a pensé le film, pas évident à accrocher certes, mais de là à ce que certains disent qu’il est mauvais, j’ai quand même beaucoup de mal à accepter.
Enfin bref, je pense que les intentions mises en avant par les bandes-annonce ou les images ont peut-être un peu troublé l’opinion sur le film, exactement comme pour Prometheus et Cartel (et les résultats chez les spectateurs sont pas glorieux…).
J’ai trouvé en Exodus une constante très très bien fichu, ne révolutionnant pas le genre certes mais toutefois maîtrisée minutieusement au vu des moyens qu’on dispose aujourd’hui. J’ai par contre pas été dérangé plus que ça par le découpage, c’est une pratique courante chez lui sur ses derniers films qui sont trop longs pour pouvoir paraître pleinement au ciné et du coup, ça se ressent sur le film. Enfin, c’est peut-être uniquement à titre personnel mais Interstellar m’a par exemple semblé moins cohérent dans ses transitions de séquences.
Le manque d’émotion est peut-être ce manque qui comble l’attachement au personnage, moi j’ai surtout retenu la transmission du message final qui correspond tellement au film en général. De toute manière, pour l’interprétation et l’ambition du film c’était le seul moyen que d’agir comme ça, au vu du récit de base ; sinon le sujet biblique se serait certainement égaré.
Il y a des scènes très chouettes ceci dit qui font passer les 2h30 sans soucis : au-delà des réalistes déluges animaliers sur l’Egypte, j’ai beaucoup aimé les passages de dialogue entre Moïse et l’Eternel ; surtout quand Josué (avec Aaron Paul qui fait tellement bien l’innocent) regarde et ne voit rien.
J’avais pour ma part largement subi Cartel, que j’ai trouvé extrêmement faible scénaristiquement. Non seulement la narration est laborieuse, mais plusieurs scènes me semblent également presque inutiles au récit. C’est long, lent et très peu intense, alors qu’il y a pourtant tout pour convaincre.
Ici, je retrouve sensiblement les mêmes faiblesses vu que je trouve le scénario assez mal exploité. L’intérêt du récit réside selon moi dans la relation entre Ramsès et Moïse, et cet aspect est finalement assez peu exploité. Quant au découpage, il est à mon sens assez brutal. Il en découle un manque cruel de profondeur, alors que cet aspect est justement bien développé dans Interstellar.
Après, je reconnais volontiers que le film est superbe sur le plan technique, mais cela ne suffit pas pour moi. Le fond est clairement sacrifié au profit de la forme. Rares aujourd’hui sont les réalisateurs qui ont carte blanche avec les studios, même quand on s’appelle Ridley Scott. Et Exodus en est l’exemple flagrant !
Je trouve que justement il y avait une tension très crescendo tout au long du film, il joue beaucoup des métaphores et on peut s’y perdre dans les dialogues mais tout détail a son importance par rapport à une autre scène. Je n’ai pas souvent vu cette manière de procéder mais au final je me suis retrouvé plongé dans une véritable chute aux enfers.
Pour Exodus, je comprends tout à fait, mais je ne pense pas que le sujet principal soit la coopération/affrontement entre les deux personnages, mais c’est plutôt mettre en avant l’affront des dieux, jusqu’où ils peuvent aller. Et dans cet aspect, c’est très bien fichu, pour mettre un petit peu renseigné sur le film avant de le voir je trouve que l’ambition est allé jusqu’au bout. Et il garde une finesse, un certain équilibre qui en fait un film historique largement enseignable.
Ce n’est pas faux mais je n’ai pas été emporté pour ma part. Je trouve que les personnages secondaires sont quasiment inexistants et qu’à force de vouloir dresser la vie complète de Moïse, les ellipses sont parfois assez abruptes.
Je l’ai découvert avant-hier. Je partage totalement ton ressenti sur ce film (hormis que je le trouve, en plus, très transparent du point de vue visuel et musical) qui est une vraie occasion manquée pour le réalisateur. Il survole ici totalement son sujet et ne lui apporte aucune sorte d’épaisseur émotionnelle. Une vraie déception.
Aucune épaisseur émotionnelle, effectivement, c’est bien le problème. J’ai néanmoins plutôt accroché au style visuel pour ma part, c’est ce qui sauve un peu le film pour moi.
Je viens de le voir et je vous trouve sévère, même si évidemment, on a tous des ressentis différents !
Peu fan de ce genre de films, encore traumatisé par le triste Hercules, j’y suis allé sans grandes attentes et j’ai vraiment bien aimé !
Christian Bale est au top j’ai trouvé, charismatique à souhait. Concernant le manque d’émotions, je n’ai vraiment pas eu cette sensation, j’ai au contraire trouvé que ça n’en faisait pas trop et que c’était appréciable.
J’ai aussi aimé le découpage avec une bonne alternance entre l’action et la narration. Les plaies qui arrivent au bon moment, là où on pourrait commencer à trouver le film répétitif. Là, les 10 plaies arrivent avec leur dose de spectaculaire (sans que ça ne soit trop long).
C’est aussi un film que j’ai adoré voir en 3D, alors que d’habitude je n’aime pas.
Pour l’aspect « survolage », je vous trouve aussi sévère, parce qu’évidemment, il aurait sûrement fallu une trilogie de 3 X 2 heures pour être complet sur l’Exode. Là, on a quand même une vraie histoire avec un point de départ, un retour sur la naissance du héros qui va influer à la fois sur son destin et sur celui des deux peuples, une histoire qui avance avec cette confrontation Ramsès/Moise. L’arrivée progressive de Dieu (avec un Moise qui doute beaucoup) qui va être de plus en plus influent jusqu’à l’apothéose des 10 plaies puis de l’eau qui s’ouvre…
Bref, j’ai vraiment aimé, après, tous les goûts sont dans la nature 🙂
Salut Phil ! Effectivement, tous les goûts sont dans la nature et il ne s’agit bien sûr que de mon avis. 😉
Quand je parle de découpage, c’est vraiment global et pas juste l’action et la narration. A vouloir brosser la vie complète de Moïse, je trouve que le film passe (trop) rapidement sur certains événements assez importants. C’est d’ailleurs le problème que j’ai avec la plupart des films type biopic qui veulent tout raconter (J. Edgar me revient en tête par exemple). L’équilibre est précaire et peut vite disparaître si les transitions ne sont pas maîtrisées. Et ici, ça ne pardonne pas je trouve. Mais ce n’est pas cela qui m’a le plus dérangé car je reconnais qu’il s’agit peut-être d’une réserve toute personnelle.
Je trouve surtout que le long-métrage n’exploite pas assez la relation entre Moïse et Ramsès, et que les personnages manquent globalement tous de profondeur. D’où le manque d’émotion et d’enjeu que j’ai ressenti. D’ailleurs, c’est parce qu’on connaît tous un minimum l’histoire biblique que le récit est accessible, car l’ensemble manque quand même cruellement de nuances pour moi. Et le fait qu’il s’agisse d’un blockbuster n’excuse pas tout.
Bref, il m’a manqué un peu d’épaisseur scénaristique personnellement. Et c’est dommage car le duo d’acteurs m’a plutôt emballé.