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[Critique] Cloud Atlas

Affiche fr cloud atlasRetour aujourd’hui sur Cloud Atlas, l’adaptation cinématographique du roman éponyme de David Mitchell, réalisé par Lana et Andy Wachowski ainsi que Tom Tykwer. L’histoire du film est relativement dense puisque celle-ci est composée de 6 récits s’étendant sur 5 siècles et se situant dans plusieurs espaces-temps. Dans ces différents récits, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement. Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.

Ayant lu et adoré le bouquin, ce film constituait ma première grosse attente ciné de l’année et je dois dire que j’en suis ressorti complètement comblé. Et pourtant, c’était loin d’être gagné d’avance car la narration et la structure du livre étaient tellement originales que je redoutais un peu de ne pas retrouver cette qualité si importante dans le film. En effet, il faut savoir que le roman raconte tout d’abord la moitié des 5 premiers récits (1-2-3-4-5) avant de poursuivre par l’intégralité du 6 ème et enfin de terminer avec la fin des premiers récits dans l’ordre inverse (5-4-3-2-1) afin de revenir au commencement et de boucler la boucle. Une construction pyramidale difficilement adaptable au cinéma et pourtant terriblement nécessaire à l’histoire étant donné que chaque nouveau segment fait la jonction avec le précédent. Ainsi, dans le premier segment, le notaire Adam Ewing écrit un journal qui est trouvé et lu dans le second segment par Robert Frobisher, dont la correspondance épistolaire avec un dénommé Rufus Sixsmith est à son tour lue dans le troisième segment par la journaliste Luisa Rey. L’enquête de cette journaliste arrive dans le quatrième segment dans les mains de l’éditeur Timothy Cavendish, dont les aventures sont découvertes dans le cinquième segment sous forme de film par Sonmi-451, un clone étonnant dont l’histoire personnelle influence le sauvage Zachry dans l’ultime segment.

Photo cloud atlasBref, une structure plutôt efficace au niveau littéraire mais qui peut très vite devenir ennuyeuse et confuse pour le spectateur si on la transpose telle quelle à l’écran. Ce que n’ont pas fait les réalisateurs, préférant s’éloigner de cette construction pyramidale pour proposer plutôt une sorte de grand puzzle où tous les récits s’enchevêtrent. Cependant, quelques minutes au début du film sont tout de même consacrées à la description chronologique des différentes époques de façon à pouvoir identifier précisément les personnages et ainsi suivre les intrigues. Ce choix de narration peut paraître étonnant à première vue mais le montage est tellement fabuleux que non seulement le film captive du début à la fin, mais les séquences s’enchaînent également de façon brillante. Ainsi, pendant près de 3 heures, les réalisateurs jonglent magnifiquement avec les multiples récits en utilisant tout un arsenal de transitions allant des ressemblances sonores et visuelles aux similitudes des thématiques en passant par les correspondances des événements. Et le résultat est juste bluffant ! D’autant plus que l’enchaînement des différentes époques ne constitue pas le seul enjeu du montage puisque chaque espace-temps dispose également de son propre genre. Le film réunit donc aussi bien de l’action que de la science-fiction, de la comédie ou même du thriller. Chaque genre permettant de varier les ambiances et ainsi d’évoquer une large gamme de thèmes. Le tout sans jamais dénoter et en proposant tout du long une mise en scène et des décors à couper le souffle.

Photo bis cloud atlasNéanmoins, même s’il est beaucoup question dans Cloud Atlas de réflexion philosophique autour de thèmes universels tels que l’amour, la mort ou encore le destin, il s’agit avant tout d’un film de personnages. Des personnages nombreux et différents pour chaque récit mais qui sont cependant interprétés par les mêmes acteurs. Il n’est donc pas étonnant de retrouver un même acteur dans 7 ou 8 rôles différents. Parmi tous les personnages, j’ai particulièrement apprécié les duos composés de Jim Sturgess et Doona Bae ainsi que de Tom Hanks et Halle Berry. D’ailleurs, à l’exception de Doona Bae, que je ne connaissais pas avant ce film et que j’ai beaucoup aimée, ce sont tous des acteurs qui me plaisent énormément. Maintenant, il s’agit d’une appréciation très personnelle (sans doute liée à mon rapport aux personnages dans le livre) car le reste du casting est tout aussi remarquable. Je ne vais pas tous les citer mais Ben Whishaw est excessivement touchant dans la peau de Robert Frobisher, Jim Broadbent est très drôle en Timothy Cavendish et Hugo Weaving excelle, comme à son habitude, dans le rôle du méchant de service. Enfin, je ne peux pas terminer cette critique sans évoquer la formidable BO qui, si elle est plutôt discrète dans la première partie, s’impose progressivement au fil du récit pour finir en apothéose. Qui plus est, le thème récurrent renvoie plutôt bien à la structure de l’œuvre et complète ainsi de belle façon le propos du film.

Pour toutes ces raisons, Cloud Atlas se révèle donc être une œuvre à la fois extrêmement novatrice et terriblement maîtrisée. Techniquement parfait, le film risque toutefois de rebuter une partie du public de par l’apparente complexité de sa narration et la richesse de son récit. C’est pourquoi un (ou plusieurs) autre visionnage me semble presque indispensable pour mieux appréhender l’histoire et pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. A n’en pas douter, il s’agit là d’un film unique en son genre qui dispose de tellement de qualités qu’il constitue déjà pour moi un véritable chef d’œuvre. En un mot : incontournable !

À propos de Wolvy128

Fondateur et rédacteur du site. Passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien.

Discussion

20 réflexions sur “[Critique] Cloud Atlas

  1. Belle critique.
    Je ne partage pas ton enthousiasme dans le sens où je n’ai pas compris grand chose à ce film. Maintenant je ne peux dire non plus que je le juge mauvais parce que je l’ai trouvé plaisant.
    Les ambiances sont réussies mais sans avoir lu le roman et avec une seule vision, difficile de comprendre cette « histoire » je pense.

    Publié par wildgunslinger | mars 22, 2013, 6:49
    • Oui je peux comprendre que ce soit un peu difficile de s’y retrouver lors du premier visionnage car il y a beaucoup de personnages et d’intrigues. Néanmoins, je pense que même sans tout comprendre la première fois, on peut tout à fait apprécier le film. Personnellement, je suis allé le voir avec un ami qui n’avait pas lu le livre et qui ne partait pas franchement confiant, et il est ressorti de la séance complètement emballé.

      En tout cas, merci pour le compliment car j’ai passé un peu plus de temps que d’habitude sur cette critique. Tellement de choses à dire ! 😉

      Publié par Wolvy128 | mars 22, 2013, 7:12
  2. Plus je lis d’avis (positif ou négatif), plus j’ai envie de découvrir le film et, apparemment, le mieux pour ce film est de se faire son opinion soit même.

    Publié par 2flicsamiami | mars 22, 2013, 7:10
    • Ah oui je t’encourage vraiment à aller le découvrir en salle. C’est un film qui ne plaira certainement pas à tout le monde mais il est tellement original et innovant qu’il mérite largement d’être vu.

      Publié par Wolvy128 | mars 22, 2013, 7:15
  3. Une belle critique, du même avis que moi qui plus est ;). J’avait lu le livre (formidable) cet été et m’était dit : mais comment est-ce possible d’adapter une intrigue complexe comme ça au cinéma. La limpidité de la narration dans le film tient du génie, tout est clair et bien expliqué sans tomber dans le didactique. La réalisation est ultra classe, les acteurs impressionnants… Et toute cette réflexion sur l’Éternel Retour nietzschéen me plait vraiment. Et puis il ne faut pas oublier la motivation des trois réalisateurs pour trouver des financements un peu partout pour livrer leur vision du roman, rien que le contexte de production de ce film tient du miracle !

    Publié par Dr. Gonzo | mars 23, 2013, 9:34
  4. Cloud Atlas, j’avais eu la très grande chance de le voir en décembre (non non pas en téléchargement illégal). En plus comme je suis une grande fan de Jim Sturgess… Comme tu l’as dit toi-même, l’adaptation du roman (incroyable d’ailleurs) était un défi de taille, mais ici les réalisateurs s’en sortent à merveille. Ceci dit, je pense que sans avoir lu le roman, je n’aurais peut-être pas autant apprécié le film. Je pense que je me serais vraiment perdue entre toutes les histoires. Les repères venaient justement du fait que je connaissais déjà les histoire à l’avance…

    Publié par Anne-So | mars 24, 2013, 9:28
    • Tu as bien de la chance d’avoir pu le voir en décembre, c’était à quelle occasion?

      Sinon, je pense en effet que c’est mieux d’avoir lu le roman pour ne pas être perdu dans toutes les intrigues et pouvoir apprécier le film à sa juste valeur. Maintenant, même sans cela, je pense qu’il est tout de même possible d’accrocher sans forcément tout comprendre mais simplement en se laissant porter par l’histoire et les personnages. Effectivement, j’ai été le voir avec un ami qui n’avait pas lu le roman et qui ne partait pas très confiant, et il est ressorti de la séance très emballé. Quoi qu’il en soit, c’est un film extrêmement riche et ambitieux. Et à ce titre, il nécessite selon moi plusieurs visionnages pour en faire vraiment le tour (si toutefois c’est possible).

      Publié par Wolvy128 | mars 24, 2013, 11:50
  5. En effet, nous n’avons pas apprécié le film de la même façon 🙂
    J’ai modifié les coquilles (tu as dû lire le premier jet), si tu en vois encore, fais le moi savoir thanks ^^

    Publié par wilyrah | mars 29, 2013, 6:49
  6. Pour l’instant le meilleur film de l’année. Un film qui va passer inaperçu mais qui, selon moi, marque une nouvelle façon de voir le cinéma.

    Publié par copa738 | Mai 17, 2013, 12:04
  7. Bé moi j’adore les films qui ont une narration compliqué, où des doutes reignent, où il faut retenir des noms, des visages, des mots!
    Et j’ai un collégue qui m’a passé ce film en me disant bé si t aimes les films qui vont dans tous les sens bé voilà!

    C’est vrai que le premier visionnage est particulier car il y a énormément d information a s’aproprier! la première chose qu on essaye de faire c’est de reconnaitre les acteurs dans chaques intrigues, donc du coup on n ‘écoute pas trop les dialoues, et on a des intrigues que l on préfère à d ‘autres!

    Mais on comprend qu’en même l’évolution des personnages et quelque liens!

    c’est au second visionnage que l on comprend tout finalement! pas mal sinon!

    à noter la présence de plusieurs travestis dans le film! sa doit être la touche de lana washoski ( qui était un homme avant et qui est une femme maintenant!)

    Publié par zamal974 | Mai 23, 2013, 9:54
    • C’est sûr que la narration peut paraître un peu complexe au premier visionnage car l’enchevêtrement des récits rend la compréhension difficile mais au final, c’est un très bon choix. D’autant plus que toutes les transitions sont travaillées et efficaces. En clair, l’aspect technique est remarquable, l’histoire est magnifique et les acteurs sont très bons, que demander de plus. 😉

      Publié par Wolvy128 | Mai 23, 2013, 11:22
  8. Éventuellement,ce film est un vrai chef d’œuvre et un vrai bijou de science fiction.

    Publié par Justinb | novembre 4, 2016, 11:36
  9. Pour moi,le meilleur de sa filmographie est cloud atlas et matrix le premier.

    Publié par Justinb | novembre 5, 2016, 11:43
  10. je n’a jamais vu,néanmoins un jour,il passe à la télé,comme ça je registre sur mon décodeur.

    Publié par Justinb | novembre 6, 2016, 12:04

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