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[Critique] De Rouille et d’Os

Je n’aurais finalement pas attendu très longtemps pour découvrir De Rouille et d’Os puisque j’ai été le voir vendredi soir. Comme vous le savez certainement, il s’agit d’un film de Jacques Audiard avec Matthias Schoenaerts et Marion Cotillard dans les rôles principaux. Ils interprètent respectivement Ali et Stéphanie. Ali est un jeune père sans domicile et sans argent qui va trouver refuge chez sa sœur à Antibes. A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose. Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. Il va simplement l’aider, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.

Que dire de ce film si ce n’est que je l’ai tout simplement adoré. Avant de le voir, je craignais un peu qu’il soit trop tire-larmes au vu du sujet difficile dont il traitait mais il n’en fut vraiment rien. J’ai été littéralement bouleversé par l’authenticité de l’histoire et des personnages. Et cela, au-delà du travail d’interprétation des acteurs, je pense qu’on le doit essentiellement à Jacques Audiard qui a su parfaitement doser les moments chocs, les séquences de pure émotion et les scènes plus violentes qui composent le film. Il en ressort du coup une harmonie assez saisissante qui fait que le film ne tombe jamais dans le mélodrame caricatural comme on pouvait le craindre au départ. Je n’ai généralement pas pour habitude d’être autant séduit par une œuvre d’un réalisateur français mais en l’occurrence, je pense vraiment qu’on lui doit beaucoup car la même histoire racontée par un autre aurait pu obtenir un résultat bien moins satisfaisant. J’ai rarement passé un aussi bon moment et la qualité du public de la salle où j’ai été voir le film n’y est certainement pas étranger. Effectivement, pour une fois, pas de petits rigolos faisant des commentaires à tout bout de champ ou d’autres mangeant du pop-corn bruyamment. Simplement une salle consciente de ce qu’elle regarde et qui profite de chaque instant, comme en témoigne ce long silence au moment de l’apparition du titre sur ce fondu au blanc à la fin du film. Comme si chacun était encore un peu sous le choc de ce qu’il venait de voir.

Côté casting, je dois dire que j’ai été tout aussi emballé par la prestation de Matthias Schoenaerts que par celle de Marion Cotillard. Comme beaucoup, j’ai découvert Matthias Schoenaerts cette année dans Bullhead où le mélange de force et de fragilité qui caractérisait son personnage m’a beaucoup impressionné. Ici, son rôle n’était finalement pas si éloigné de celui qu’il avait dans Bullhead et je dois avouer qu’il a confirmé tout le bien que je pensais de lui. Son personnage m’a énormément touché car c’est un homme authentique qui est capable des plus belles choses, comme de traiter une handicapée comme n’importe quelle autre personne tout en faisant preuve de délicatesse, mais aussi des pires comme en témoigne la relation difficile qu’il entretient avec son fils. Quant à Marion Cotillard, c’est une actrice que j’ai toujours bien aimée sans trop savoir pourquoi. Toutefois, je ne l’avais jamais vue dans un rôle aussi délicat et elle m’a beaucoup touché. Sans qu’elle ait forcément besoin de beaucoup parler, j’ai trouvé qu’elle était totalement investie dans son personnage et qu’elle parvenait subtilement à distiller l’émotion souhaitée. Qui plus est, j’ai trouvé qu’il y avait une certaine harmonie entre les deux personnages, tour à tour fragiles et solides.

En définitive, De Rouille et d’Os est un film absolument magnifique que je conseille à tout le monde de voir. La mise en scène est soignée, l’histoire est poignante et surtout les deux acteurs sont fabuleux. Ils incarnent de manière tout à fait authentique ces deux êtres qui vont tenter de se reconstruire ensemble après de nombreuses galères. Le film serait apparemment bien placé pour remporter la palme d’or au festival de Cannes et au vu de sa qualité, ce ne serait certainement pas volé. Assurément un de mes coups de cœur de l’année !

À propos de Wolvy128

Fondateur et rédacteur du site. Passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien.

Discussion

8 réflexions sur “[Critique] De Rouille et d’Os

  1. Oui, il est excellent. Je ne suis pas aussi enchanté que toi mais j’ai beaucoup aimé. Je le conseille tout autant que toi!

    Publié par Flow | Mai 24, 2012, 5:25
    • Oui je pense que c’est définitivement un film à voir. C’est sûr que l’enthousiasme peut varier en fonction des gens mais la grosse majorité des retours sont quand même extrêmement positifs.

      Publié par Wolvy128 | Mai 24, 2012, 7:00
  2. Mouais, je trouve le film un peu léger pour une Palme. Un truc pour Cotillard, là d’accord, elle a des boobs qui méritent un Prix.

    Publié par ASBAF | Mai 27, 2012, 3:22
    • Je n’ai pas eu la chance de voir d’autres films en compétition à Cannes donc je ne peux pas vraiment me prononcer sur la Palme. Mais je trouve en tout cas que ça ne ferait pas un mauvais gagnant s’il la remportait.

      Publié par Wolvy128 | Mai 27, 2012, 3:38
  3. Carrément d’accord avec toi. Pas de palme malheureusement, décidément Audiard se fait toujours devancer par Haneke (pour moi il aurait du la remporter avec « Un Prophète » qui était encor supérieur à « De rouille et d’os »))

    Publié par Squizzz | juin 2, 2012, 12:31
    • J’ai découvert Un Prophète tout récemment et même si le film est vraiment réussi, j’ai quand même préféré De Rouille et d’Os qui me parle beaucoup plus. Que ce soit au niveau de l’histoire ou du casting. Dommage que le film n’ait rien remporté à Cannes, il pouvait prétendre à plein de prix je trouve.

      Publié par Wolvy128 | juin 2, 2012, 2:05
  4. A nouveau un beau mélodrame, à la fois acéré et sensible, qui parvient à aller au-delà de son installation archétypale. Décidément j’aime beaucoup le cinéma d’Audiard.

    Publié par Jérémy | juin 7, 2012, 11:44

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